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Un jeune voyant, véritable prophète

fantome deuxLes habitants du faubourg Québec, dans l’est de Montréal, sont renversés. Un des leurs possèdent le don étrange de ce qu’on appelle la «seconde vue». Propos de La Gazette de Joliette du 29 novembre 1888 à ce sujet.

Un oracle, qui éclipse les tables tournantes, les revenants et les médiums, vient de surgir dans l’extrême faubourg Québec.

Le nouveau prophète est âgé de dix-huit ans, n’est doué que de l’intelligence des mortels ordinaires, ne possède qu’une éducation fort commune et, depuis qu’il s’amuse à l’exercice du métier, fait des prodiges qui épatent la population du quartier. Le jeune privilégié des dieux, il faut l’avouer, n’est pas orgueilleux de son don et répand des vérités étonnantes gratuitement. Il travaille dans une manufacture et ne s’occupe de son art divin que pour son amusement et celui de ses amis.

Au dire des nombreux témoins oculaires et auriculaires, il est doué d’un haut degré du don de «seconde vue» dont il a été question dans le pays et ailleurs il y a quelques années.

Il paraît que cet enfant, né dans une brave famille, a toujours révélé des dispositions étranges, au point que sa mère disait ouvertement que son petit X…. avait un don. Une voisine s’aventura le semaine dernière à dire qu’un enfant avait deviné des choses merveilleuses, en se couvrant la figure d’une couverte et regardant fixement la lumière.

Jeudi dernier donc, le jeune homme se couvre les yeux d’un châle noir plié en quatre et se tourne vers les endroits proches ou éloignés qu’il voulait décrire. Il voyait tout !

On raconte que samedi soir dernier, il s’amusait à étudier les lointains lorsqu’il poussa un cri et tomba sur sa chaise, disant qu’il venait d’assister à une bataille sanglante en cette ville. Un homme venait d’être blessé avec un couteau. À la même heure, dit-on, le nommé Morneau était blessé sur la rue Jacques-Cartier.

Le pauvre enfant, qui ne lit jamais les journaux et connaît fort peu la géographie, fut envoyé l’autre soir par un Anglais dans la vieille Angleterre. Le trajet fut long et fatigant, mais, au bout de dix minutes, il fit une description fidèle du square Trafalgar, du théâtre du meurtre de Whitechapel, découvrant la retraite du meurtrier, qui, dit-il, ne sera pris qu’à sa douzième victime. Une famille, dont une fille demeure à Michigan, s’imagina de voir ce que faisait bien cette pauvre enfant au-delà du lac Supérieur.

Le jeune homme avec son châle s’y rendit en deux minutes et annonça la triste nouvelle d’une mortalité. Un bébé était sur les planches et sa mère pleurait. […]

Tous les soirs, les parents et des amis se réunissent et font des excursions imaginaires chez les voisins, à la campagne, ici et là. Les femmes s’informent où peut bien être ce cher époux et les maris veulent connaître la somme d’ennui de leurs divines moitiés. Toujours le merveilleux jeune homme les satisfait avec sa mirobolante couverte noire. […]

Le jeune prophète est très modeste et dit qu’il peut bien ne pas dire la vérité, mais c’est ce qu’il voit.

Un commentaire Publier un commentaire
  1. Esther #

    On voudrait bien croire que ce fut vrai, mais en même temps, que de doutes !

    5 décembre 2014

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