Aller fêter la Sainte-Catherine, le 25 novembre, à la campagne
Les écrivains québécois d’il y a un peu plus de 100 ans constatent qu’à la ville du moins, nous sommes vraiment en train d’échapper la fête de la Sainte-Catherine. Aussi certains d’entre eux s’efforcent-ils de la nommer, de la dire avant qu’elle ne disparaisse à jamais.
Louis Fréchette est du nombre. Sous le pseudonyme de Cyprien, qui fait la une du quotidien montréalais La Patrie du 29 novembre 1884, il y va de sa contribution.
Nous avons eu la Sainte-Catherine; avec sa bordée de neige, comme de raison.
Le matin, il faisait un temps sec et clair.
Pas un nuage n’estompait l’azur vif du ciel.
On se disait : Pas de bordée de neige cette année, bien sûr !
Va-t’en voir, s’ils viennent ! Il n’était pas midi que les flocons nous fouettaient la face comme une correspondance de [Arthur] Buies.
Il fallait se baisser et laisser passer.
La Sainte-Catherine ! Comme ce nom-là nous ramène en arrière ! Que de souvenirs il éveille !
Quand je l’entends prononcer, il m’arrive dans l’oreille comme un lointain écho de mille éclats de rires argentins, et de mille chansons folles, mêlés au cliquetis timbré des verres, au grincement des chanterelles, au brouhaha cadencé des cotillons échevelés, au son clair et gai des tintinnabulantes clochettes du petit cheval canadien trottinant vif et dru dans la poudrerie.
Oui, cela me reporte presque à quarante ans passés, lorsque mon père nous disait : Allons, mes enfants, si vous êtes bien sage, nous irons fêter la Sainte-Catherine à la campagne.
Quelle fête, c’était ! car va sans dire que nous avions toujours été sages.
Quand par malheur il y avait anicroche quelque part, le pardon paternel venait passer l’éponge et, sages ou non, nous allions fêter la Sainte-Catherine à la campagne.
Maintenant qui va à la campagne fêter la Sainte-Catherine ?
Fête-t-on maintenant la Sainte-Catherine à la campagne ?
Hélas ! la ridicule manie de calquer ses coutumes sur celles de la ville est en train de jeter par terre toutes nos gracieuses traditions nationales comme une boule lancée d’une main ferme et adroite dans un jeu de quilles.
À la ville, nous subissons d’une façon inconsciente l’influence du voisinage.
Les vieilles coutumes s’en vont au contact des Anglais, qui n’ont pas les nôtres.
Et, pendant que nous regrettons amèrement, nous citadins, de voir s’effacer petit à petit le cachet si national et si attrayant des mœurs canadiennes à la campagne, il devient de bon ton là-bas de les oublier entièrement.
On se dit : Ce n’est plus la mode à la ville.
Maudite mode !
Donnez-moi le progrès du siècle, mais délivrez-moi de la mode !
À nous les idées de notre temps, mais respect aux saintes choses d’autrefois.
Les lumières de l’avenir ne doivent pas jeter d’ombre sur le passé.
On peut être l’inventeur du téléphone et fêter la Sainte-Catherine.
Un peu !
La Sainte-Catherine, voilà longtemps, était la première fête de l’hiver !
Dans les années où j’ai fréquenté la « petite école »(sept 62/juin 66), nous fêtions la Ste-Catherine en après-midi… Pas de cours, pas de travaux. Que des jeux(avec des petits prix pour les gagnants !), des chansons, parfois des récitations, le tout à la bonne franquette. Pas de nostalgie, mais de très heureux souvenirs…
Ah, chère Vous, j’en garde moi-même de bien bons souvenirs !