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L’Est du Québec essuie une violente tempête

phare pointe au pere

En novembre comme en mai, au Québec, il faut vivre, dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, la période des grandes marées. On l’espère calme. Mais lorsque le vent se lève, oh là là ! Sous le titre «Tempête et inondation», La Patrie du 6 novembre 1884 raconte l’événement automnal de cette année-là.

Depuis Pointe-au-Père, la dépêche se lit comme suit : «La plus violente tempête qui sévit sur nos côtes exerce des ravages actuellement et depuis la nuit dernière. Elle est accompagnée de neige. Le vent a une vélocité de 70 milles à l’heure.

«La marée est très haute et, dans toutes les localités, sur les bords du fleuve, les champs sont inondés.

«Ici, le phare et le bureau de télégraphe sont battus par la mer en furie. En cette paroisse ainsi qu’à Rimouski, plusieurs maisons ont été emportées. À Rimouski, plusieurs familles ont quitté leurs résidences et, si la tempête ne s’apaise pas ce soir, on craint que la prochaine marée ne cause de grands dégâts. Entre le Bic et Rimouski, la voie de l’Intercolonial [le chemin de fer] et la route sont endommagées. Personne que l’on sache n’a péri.

«8.30 p. m. Les hommes proposés au service de la station des signaux ont été forcés de quitter leur poste. La plus forte tempête qu’on ait eue depuis quarante ans sévit à cette heure et cause de grands dégâts.»

Rimouski doit aussi payer son tribut. «Toute la ville de Rimouski est inondée. Environ de 15 à 18 maisons ont été emportées par la mer. Personne que l’on sache n’a péri. Une partie de la voie de l’Intercolonial est inondée et les trains sont en retard. Les gens quittent leurs maisons et, pour cela, sont obligés de se servir d’embarcations. On a mis en liberté les bestiaux, qui ont gagné les hauteurs. Des marchandises emmagasinées dans des hangars sont endommagées au point qu’elles ne valent plus rien. On redoute beaucoup la prochaine marée. On évalue les dégâts à $25,000 au moins.»

En amont, à Rivière-du-Loup en Bas, aussi appelé Fraserville, ce n’est guère mieux. «Une tempête des plus violentes accompagnée de neige sévit ici depuis la nuit dernière. La jetée est balayée par la mer, et une quantité de bois ainsi que le magasin où se trouve le bureau du télégraphe et une partie de la maison de M. T. Piuze, agent de la gare aux marchandises, ont été emportés. Il est probable que ce qui reste debout de cette dernière maison sera emportée à la prochaine marée.»

Même la ville de Québec, en face de laquelle il y a resserrement du fleuve, n’y échappe pas. «C’est l’époque des hautes marées et, ce soir, la mer poussée par un vent des plus violents a atteint une hauteur de 8 à 9 pieds au-dessus des quais.

«Tout le long des quais, les caves des magasins et des résidences sont inondées; dans plusieurs endroits même, l’eau atteint le plancher du premier étage des maisons [ainsi appelle-t-on souvent le rez-de-chaussée au Québec]. On ne peut constater encore l’étendue des dégâts. Les rues qui ont le plus souffert de l’inondation sont les rues Dalhousie, St-Pierre, Sault-au-Matelot, Saint-Paul, des Commissaires jusqu’à Saint-Roch; la rue Champlain est inondée sur toute son étendue.

«Un grand nombre de pontons ont été emportés ou brisés. […] On évalue à plus d’un demi million de piastres les pertes dont ont souffert les entrepôts de douane et plusieurs magasins de détail.»

 

P. S. J’aime qu’à Rimouski, on écrive : On a mis en liberté les bestiaux, qui ont gagné les hauteurs. C’est simple et fort beau.

L’image ci-haut, une photographie d’Armour Landry prise durant les années 1960, est celle du phare de Pointe-au-Père, en aval de Rimouski, sur les rives de l’estuaire. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Armour Landry, Photographies, cote : P97, S1, D6297-6308.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Réjean Guay #

    Bonjour ,
    L’été passé , je suis allé visiter l’exposition pour le centenaire du naufrage de l’ , et je crois avoir vu ce phare -là à Pointe-au-Père . Il est impressionnant !

    7 décembre 2014
  2. Jean Provencher #

    Vous avez bien raison, cher Monsieur Guay.

    7 décembre 2014

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