Ces cétacés venus de la mer
Dépouillant la presse québécoise d’il y a plus de cent ans, on s’étonne de voir l’abondance de cétacés qui remontent le fleuve régulièrement, et jusqu’à Montréal. Il y a tout de même 800 kilomètres entre la grande ville québécoise et Rivière-au-Renard, en Gaspésie. Et sitôt le cétacé aperçu, on part le tuer, au fusil.
Ainsi, à maintes reprises, on a chassé la baleine à Montréal. L’être humain était alors heureux d’abattre ce qu’il croyait être une bête qui le défiait. Et on se rassemblait sur les rives pour exprimer notre joie.
Voyez comment se présente une de ces courtes nouvelles de la visite d’un nouveau venu de la mer. Du journal Le Sorelois du 8 octobre 1880, avec pour titre «Une belle capture», elle porte sur la présence d’un béluga dans le lac Saint-Pierre, le plus petit des cétacés, un animal qu’on dit fort intelligent.
Lundi avant-midi, deux pêcheurs, du nom de Rathier, traversaient en canot le fleuve vis-à-vis de l’Isle aux Corbeaux, quand ils aperçurent à distance un objet noir qui se mouvait dans l’eau.
Ils dirigèrent leur canot vers cet objet et quelle ne fut pas leur surprise quand ils virent un énorme poisson qui, la tête hors de l’eau, respirait la gueule grande ouverte.
L’un des deux pêcheurs lui mit le bout de son aviron dans la gueule et le poisson plongea immédiatement.
Quelques minutes après, il reparut plus loin; s’en étant approché, les pêcheurs constatèrent qu’il était à moitié mort et le capturèrent. C’était un magnifique marsouin qui pesait 75 livres.
On suppose qu’il aura suivi quelque bâtiment de mer, comme le fait arrive souvent, et qu’il aura trouvé la mort dans l’eau douce.
Il est visible chez M. Plante, barbier, de cette ville [Sorel].
L’illustration de la sortie de l’eau d’un marsouin à l’Île-aux-Coudres, une photographie de la Société d’histoire de Charlevoix, est visible sur la page consacrée à la pêche aux marsouins (bélugas) dans Charlevoix.