Qui sera encore plus vite ?
Nous avons échappé quelque part en chemin la lenteur. Assurément au 19e siècle, avec l’arrivée de la vapeur. Depuis c’est la course, la fuite en avant. Voyez cette nouvelle que rapporte La Gazette de Joliette le 27 septembre 1888.
Le steamer Umbria, de la ligne Cunard, a fait sa dernière traversée de New-York à Queenstown en six jours, dix heures et trois quarts, dit la «Minerve». C’est trois heures de moins que le voyage le plus rapide qu’il ait fait jusqu’ici de l’Ouest à l’Est. Il avait déjà traversé de Queenstown à New-York, cependant, en six jours, quatre heures et quarante deux minutes. Mais c’était un exploit moindre que celui de l’Etruria, de la même compagnie, qui a déjà franchi cette distance en six jours, une heure et cinquante cinq minutes. Les navires de la Cunard sont incontestablement les plus rapides de l’Atlantique.
Quant à nos lignes canadiennes, elles sont encore assez loin d’atteindre à ces chiffres, bien que la voie du Saint-Laurent soit plus courte de 390 milles. En effet, il y a 3,040 milles de New-York à Liverpool, et de 2,650 milles seulement de Québec à Liverpool, par le détroit de Belle-Isle. Il faut tenir compte, néanmoins, des difficultés de la sortie du fleuve et de la navigation du golfe. Ce n’est pas ici comme New-York où il suffit d’une demi-heure au steamer pour atteindre la mer.
La traversée la plus rapide qui ait encore été faite par la route du golfe est celle du Parisian, de la ligne Allan, qui est arrivé la semaine dernière à Québec, sept jours et cinq heures après son départ de Moville. Le Vancouver, de la ligne Dominion, a déjà fait cinq fois la même traversée en sept jours et huit heures cependant, et la moyenne, pour les steamers de cette ligne, durant la dernière saison, a été de neuf jours, une heure et trente-neuf minutes […].
Les navires des grandes lignes américaines ont un tonnage beaucoup plus fort que les nôtres, soit deux mille tonneaux environ. Leur tirant d’eau est moindre et leur rapidité plus grande. C’est un triple avantage contre lequel nos compagnies ont à lutter.