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À Boston, que dit-on des Québécois de langue française ?

jeune paysan avec deux seaux de lait

Le texte est d’un certain P. Bender, publié dans l’Evening Transcript, le quotidien bostonnais d’après-midi, paru de 1830 à 1941. L’article est publié en août 1884. À Montréal, La Minerve en reproduit une partie le 6 septembre.

Personne ne peut se mêler à la société canadienne-française, soit dans les cercles où s’est perpétuée l’élégance de l’ancien régime, soit parmi la population rurale, sans être frappé du fond de gaieté qu’elle a reçu comme héritage du Gaulois, son ancêtre. Chez les Canadiens-français la jovialité est l’un des principaux traits caractéristiques et leur a grandement aidé à supporter les fatigues et les rigueurs et les misères des premiers temps de la Nouvelle-France. […]

Toujours ils ont marché dans l’histoire d’un cœur léger, soit qu’ils fissent la guerre à l’Anglais ou au sauvage ou qu’ils fussent engagés aux plus durs labeurs. Dans ces expéditions comme voyageurs, sur les grands lacs et les grandes rivières, au milieu des rapides et sous les ouragans violents comme ceux des mers, le fond de gaieté qu’il y a chez eux les a encouragés et soutenus.

Au foyer, dans les plus tranquilles villages, le fond de leur caractère se traduit en amusements de toute sorte qui brisent la monotonie des longues nuits d’hiver et ajoutent encore au charme de l’été. Les pique-niques au bord de quelque cataracte pittoresque, la cueillette des fruits l’automne, «les sucres» en hiver, les corvées volontaires, l’érection de bâtiments, le déboisement des «terres neuves», les épluchettes de blé d’inde, etc., tout prête à la manifestation de leurs gais sentiments. Le travail devient léger et l’aide mutuelle qu’ils se donnent ainsi détermine entre eux l’expansion d’une amitié véritable, source de joie et de bonheur. […]

Les Canadiens-français sont depuis longtemps réputés pour leur attachement aux traditions et aux coutumes que leur ont léguées leurs ancêtres de Bretagne et de Normandie. Leurs traits caractéristiques, aux points de vue moral et physique, n’ont guère changé. Les descendants des Bretons, par exemple, peuvent être facilement reconnus à leurs traits, à leur loyauté, à leur force de volonté qui devient parfois de l’entêtement, à leur vigueur et à leur piété.

Les descendants de Normands se reconnaissent tout aussi bien par leurs traits physiques et moraux. Ils sont rusés, plus gais et plus affables que leurs parents de descendance bretonne. Comme ces derniers, ils sont pieux et loyaux, mais ils sont moins irritables qu’eux.

Et le quotidien montréalais de rajouter :

Plus loin, l’auteur parle de philologie et repousse l’accusation portée contre les Canadiens d’avoir substitué un patois de leur cru à la langue de leurs ancêtres.

Nous n’en finirions pas s’il nous fallait analyser ainsi point par point cette étude qui remplit à elle seule deux grandes colonnes du Transcript.

L’œuvre entreprise aujourd’hui par M. Bender est des plus utiles au Canada. C’est ce que nous avons voulu faire ressortir dans cette courte analyse.

 

La photographie d’un jeune paysan avec deux chaudières de lait, à la ferme d’Alfred Savoie de Sainte-Marie de Beauce, fut prise en 1948 par J. W. Michaud. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS!, P63637.

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