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Qu’on paie décemment nos institutrices

classe de gedeon duval et de marie lachanceJean des Bois-Francs consacre sa chronique du 21 août 1897, dans L’Écho des Bois-Francs, aux «maîtresses d’école». Il souhaite que les critères d’engagement des institutrices soient resserrés et qu’on les paie décemment.

Dans quelques jours aura lieu la rentrée des classes de nos écoles rurales.

Déjà par tout le pays les autorités locales ont dû s’occuper de remplir les cadres du personnel enseignant de leurs municipalités respectives.

À ce propos, il serait curieux et instructif pour un observateur désintéressé de constater combien, sur les quelques milliers d’institutrices, brevetées ou non, qui constituent actuellement, à quelques exceptions près, le corps enseignant des écoles primaires de la Province, sont réellement aptes, compétentes à remplir les difficiles et délicates fonctions d’éducatrices de l’enfance et de la jeunesse.

Ce que cet homme trouverait d‘ineptie chez le grand nombre et surtout l’ignorance grossière chez certaines des titulaires de nos écoles serait inouï, inconcevable, et ferait rire si le sujet n’était si essentiellement sérieux. […]

Il n’y a pas encore un an un inspecteur que je connais ordonnait à une secrétaire de municipalité scolaire de renvoyer certaine institutrice si elle ne pouvait produire de diplôme. Celle-ci, tout étonnée du procédé, répondit naïvement à l’officier qui lui demandait le document exigé : «Je ne pensais pas en avoir besoin de diplôme à moi; l’année dernière, j’ai enseigné toute l’année avec celui de maman et ça a faite pareil…..» […]

On ne sait que penser en face de tant d’ignorance et de naïveté chez ceux qui sont justement chargés d’instruire autrui, de former, de façonner les intelligences.

Hélas! Sans doute que jusqu’ici, «ça a faite pareil» ce système d’engager à l’aveugle nos institutrices et de confier l’éducation de nos enfants au plus bas enchérisseur.

Il ne faut pas craindre de l’avouer; nous avons trop négligé l’instruction primaire et, sous ce rapport, nous sommes arriérés, beaucoup arriérés.

Et il est grand temps que nous prenions des mesures nécessaires pour sortir de l’ornière. […]

Mais comment remplacer les nullités et les nuisances par des personnes compétentes ?

Le moyen en est simple et facile. Qu’une bonne fois, on se montre moins chiche et moins mesquin, lorsqu’il s’agit de payer les services des institutrices.

Qu’on leur donne les salaires que gagnent les travailleurs intellectuels, au moins ordinaires; un salaire au moins égal à celui que gagnent celles de leurs compatriotes qui tissent du coton dans les manufactures américaines et dont elles envient le sort.

Qu‘on paie nos maîtresses d’école, enfin.

Alors, et alors seulement, nous aurons des institutrices «de profession» qui feront un état, une profession de l’enseignement, au lieu des centaines de pauvres hères qui se font «maîtresses d’école» en passant, comme pis aller, en attendant qu’elles trouvent mieux.

Il n’y a pas d’autre moyen possible de régénérer le corps enseignant et de relever le niveau de l’instruction élémentaire.

 

Pour l’illustration ci-haut, il n’y a d’indiqués à l’endos, en regard des «X», les noms de Gédéon Duval et de Marie Lachance.

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