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On se bat en bas !

J’en étais donc là de mes réflexions, quand des cris de colère m’ont fait relever la tête et regarder à la fenêtre.

Vingt, trente galopins, de cinq à dix ans, sont rassemblés en bas, dans la rue, et font cercle autour de deux gamins qui se battent avec un entrain magnifique.

L’un des deux combattants est mon garçonnet qui est en train de jouer des poings d’une façon très convenable, à ce que je vois.

Laissons le faire.

Parbleu ! mon Pierre, tu seras boxeur ou rameur, à ton choix !

Pas de livres, mon garçon, tu n’apprendras pas à lire, tu n’étudieras pas, tu ne penseras pas, ton cerveau s’ossifiera afin de mieux résister aux coups de poing.

Vois Sullivan, il est riche ! les boxeurs fourmillent, il y en a partout, ils gagnent tous de l’argent, c’est un bon métier.

Tu préfères l’aviron? Va sur l’eau, mon garçon, rame fort, rame vite. Hanlan, Ross, Ganltur et tous les autres rameurs sont riches.

Rameur ou boxeur, choisis, mais quelque puisse être ton choix, tu es certain de gagner plus qu’un avocat, qu’un juge, qu’un lieutenant-gouverneur, et presqu’autant que Chose, l’usurier.

* * *

Voici donc l’avenir de mon garçon assuré.

 

Texte de Léon Ledieu, Le Monde illustré, 11 juin 1887.

Image extraite d’un livre à colorier non paginé, Les sportifs, des Éditions de l’Axe (Drummondville), sans date, C 1911.

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