Voilà la Fête nationale
À Vous qui habitez notre coin de terre, le Québec, sur notre chère Planète bleue : Bonne Fête nationale !
Le Progrès du Golfe, l’hebdomadaire au service du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, propose un historique intéressant de notre fête nationale le 10 juin 1904.
Dans quelques jours, le Canada français sera appelé à célébrer sa fête patronale. Nos lecteurs, nous en sommes certains, seront heureux de trouver ici quelques mots sur les origines de cette démonstration.
La fête de la Saint-Jean-Baptiste ou de la Saint-Jean est pour la première fois mentionnée dans «La Relation» [des Jésuites] de 1636, page 38, où il est dit que cette année on tira le canon aux Trois-Rivières pour chômer la fête de la Saint-Jean.
«La Relation» de 1646 fait de la Saint-Jean la description suivante : «Le 23 juin se fit le feu de la Saint-Jean sur les huit heures et demie du soir. M. le Gouverneur envoya M. Tronquet pour savoir si nous irons; nous allâmes le trouver, le Père Vimont et moi, dans le fort [le château Saint-Louis, à Québec, la résidence du gouverneur]. Nous allâmes ensemble au feu, M. le Gouverneur l’y mit. Lorsqu’il le mettait, je chantai la Ut queant taxis, et puis l’Oraison….. On tira 5 coups de canon, et on fit deux ou trois fois la décharge de mousquets.»
La cérémonie paraît avoir été la même en 1647, 48, 49 et 1650. De 1650, il n’est plus fait mention ni du feu ni de la fête de la Saint Jean à Québec, mais ces fêtes furent célébrées dans les paroisses de la campagne, portant le nom de «St-Jean» jusqu’à ce que l’autorité religieuse jugea bon de les abolir à cause des nombreux désordres qu’elles occasionnaient.
Dans les «Anciens Canadiens» de M. de Gaspé, nous trouvons une description si belle de la célébration de cette fête que nous ne pouvons nous empêcher de la reproduire ici :
«La St-Jean-Baptiste ne manquait pas d’attirer un grand concours de pèlerins, non seulement des endroits voisins, mais des lieux les plus éloignés…… Il se faisait de grands préparatifs dans chaque famille pour cette occasion solennelle.
«On faisait partout le grand ménage, on blanchissait à la chaux, on lavait les planchers qu’on recouvrait de branches d’épinettes, on tuait le veau gras, et le marchand avait bon débit de ses boissons…… Le seigneur offrait le pain bénit…… Ce n’était pas petite besogne que la confection de ce pain bénit et de ses accessoires de cousins pour la multitude qui se pressait, non seulement dans l’église, mais aussi en dehors du temple.
«Il était entendu que le seigneur et ses amis dînaient, ce jour-là, au presbytère, et que le curé et les siens soupaient au manoir seigneurial….. De tous côtés, s’élevaient des abris, couverts de branches d’érable et de bois résigneux où l’on débitait des rafraîchissements. Les traiteurs criaient sans cesse, d’une voix monotone, en accentuant fortement le premier et le dernier mot : «À la bonne bière ! Au bon raisin ! À la bonne pimprenelle !» — et les papas et les jeunes amoureux stimulés pour l’occasion tiraient avec lenteur, du fond de leur gousset, de quoi régaler les enfants et la créature.»
Nous pouvons dire que la fête de la Saint-Jean-Baptiste telle qu’elle se relate aujourd’hui date de 1834, époque de la fondation de la «Société Saint-Jean-Baptiste» à Montréal. Il n’y eut d’abord que banquets et discours, «ce ne fut, paraît-il, qu’en 1843 ou 1844, que l’usage prévalut de commencer la célébration du 24 juin par une grande messe et un sermon.»
La Société Saint-Jean-Baptiste fut établie à Québec en 1842 par M. Aubin, alors propriétaire d’un journal appelé Le Fantasque. Le premier président fut le Dr Bardy. Depuis cette date, la Société Saint-Jean-Baptiste s’est propagée; elle existe maintenant dans toutes nos villes et une grande partie de nos paroisses.
Inutile de dire avec quelle pompe et quel patriotisme cette fête est maintenant célébrée par notre bonne population canadienne.