Évitez de violenter votre cheval à la machine à battre
Dans mes journaux d’autrefois, je retrouve, assez fréquemment, des mentions de brutalité à l’égard des chevaux. Au point où les citadins des villes dénoncent les cochers violents, qui sont par la suite mis à l’amende.
Au 19e siècle et au début du 20e, le cheval doit faire connaissance avec le progrès technique. Bête fort sensible, il arrivait souvent qu’il ne lui plaise pas qu’on l’accouple à la machine. Aussi fallait-il procéder avec douceur.
À un moment donné, plutôt que battre les céréales à la main, l’automne venu, on a imaginé une machine que les bêtes actionneraient.
Ici, sous le titre de «Soins à donner aux chevaux de manège», le chroniqueur de La Tribune du 28 juin 1888 explique, laborieusement, qu’il faut y mettre la manière pour qu’un cheval accepte de travailler à la machine à battre.
L’usage de plus en plus général des machines à battre a donné lieu d’appliquer nos chevaux au travail de manège, et beaucoup de cultivateurs s’en sont mal trouvés.
Ceux qui sont jeunes et vigoureux se tourmentent et s’effraient du bruit de la machine; ils se jettent à droite ou à gauche, ne tirent que par secousses, et se donnent des contusions ou des écorchures.
Il importe de conduire ces animaux avec patience et douceur; il faut éviter surtout de les confier à des engagés brutaux qui ont pour tout savoir faire les jurons et les coups de fouet.
Ces mouvements désordonnés fatiguent et épuisent promptement les chevaux; on les voit ruisselants de sueur, la poitrine haletante; de leurs naseaux agités, il sort un liquide blanchâtre.
Alors il faut les dételer de suite, les calmer et leur laver les naseaux avec de l’eau fraîche où on aura mis un peu de sel ou de vinaigre. On les bouchonnera par tout le corps; une saignée quelquefois sera nécessaire, puis du repos à l’écurie.
C’est positivement une attaque d’apoplexie qui se manifeste dans ces cas, comme il arrive à la suite d’une marche forcée par un temps de chaleur excessive.
Pour prévenir l’étourdissement dans les travaux de manège, il est nécessaire de couvrir les yeux des chevaux.
Cette photographie d’un fermier de Charlevoix tenant son cheval par la bride en 1942 fut prise par Herménégilde Lavoie, le père du cinéaste Richard Lavoie. Elle est déposée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS1, P8242.
Ci-bas, une photographie de bovins actionnant une machine à battre en Bretagne. On la retrouve sur le site CPArama consacré aux cartes postales anciennes.