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La sorte de baiser

Osons, quel genre de baiser aimez-vous ? En pincettes ? Amusé ? Lascif ? Voluptueux ? Personnellement, un de ceux qui me plaisent est celui qui tient de l’effleurement. Toujours surprenant, attachant. Allez, vous me direz que ce n’est pas le lieu pour épiloguer à ce sujet ? Peut-être bien.

Chose certaine, Brigitte Fontaine, elle, trouve qu’il y a malheureusement tellement de baisers qui se perdent. «Ils voltigent autour de nous entre les maisons, et nous ne les voyons pas.» Et elle prévient sa fille qu’un jour, viendra un homme dont «le pli de sa bouche te fera mourir comme un oiseau s’envole». Vraiment un des plus beaux textes de ce site.

Épiloguer, épiloguer, La Tribune de Saint-Hyacinthe du 21 juin 1889, elle, ose et s’y lance.

Il y a baisers et baisers. Xavier Renaud n’en a pas donné; il n’a fait qu’en envoyer à une jeune domestique de la rue Berri, qui, loin de les accepter, est allée se plaindre à la police et Renaud a été condamné à trois mois de prison, ainsi qu’à une amende de $20. S’il ne paie pas, il passera deux mois de plus en prison. Si jamais on repince Renaud à envoyer des baisers !

* * *

Cette nouvelle suggère à l’une de nos charmantes petites lectrices la délicieuse et franche boutade qui suit :

LE SEUL BAISER QUI EN VAILLE LA PEINE
Par une gamine de 12 ans

Le seul baiser qui en vaille la peine, c’est celui d’un beau bébé. C’est vrai qu’il ne le donne pas, lui, il est encore trop petit; mais il s’y abandonne et donne à sa gentille petite bouche parfumée la forme d’un «o» et il semble attendre que vous découvriez combien c’est délicieux.

Le baiser d’un homme, c’est comme du whiskey écossais, ça sent la fumée.

Quand un enfant vous embrasse, il est très rare qu’il ne vous couvre pas toute une moitié du visage de son baiser, tant il ouvre la bouche. Malheur à vous alors s’il a un gros rhume de cerveau ! Le bébé, lui, ne vous donne qu’une bouchée, mais c’est du parfum d’Arabie.

La plupart des hommes vous embrassent avec la même force qu’ils lancent une boule; c’est trop fort. Ça doit être aussi délicat qu’une feuille de rose; une pensée dans une seconde. Il ne faut pas que ça vous suggère l’idée d’un timbre-poste ni d’un emplâtre non plus.

Le meilleur, le plus saint de tous les baisers, c’est le baiser de sa mère.

Le plus vilain, c’est celui d’un veuf; ça sent le chien mouillé !

Là !… moi, quand je serai grande, je ferai un traité sur la manière la plus gentille de s’embrasser. Les femmes qui reçoivent les baisers doivent mieux s’y entendre que les grands maladroits d’hommes qui les donnent. En attendant, je vous tire ma plus belle révérence.

Georgette

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Merci de ce lien renvoyant à une publication de 2011… du temps où je ne venais pas encore vous rendre visite ici ! Quelle merveille d’exubérance et de sensualité imagée…

    23 juin 2014
  2. Jean Provencher #

    Je trouve ce texte de Brigitte Fontaine, chère Esther, tout à fait emporté, et si beau.

    23 juin 2014

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