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Éboulement à Baie-Saint-Paul

Baie-Saint-Paul

Baie-Saint-Paul

Les glissements de sol sont fréquents au Québec. Les lieux argileux, en particulier, ne demandent pas mieux que de soudain se décrocher. Sous le titre «Nouveaux éboulements à la Baie St-Paul en bas de Québec. Grands ravages», le quotidien La Patrie du mardi 5 juin 1894 rapporte la nouvelle.

Un éboulement qui ressemble à celui de St-Alban, mais de moins d’étendue, vient de se produire dans la paroisse de Baie St-Paul, comté de Charlevoix. Une rivière appelée le «Bras Nord» se jette dans le St-Laurent en passant par la Baie St-Paul.

À la suite d’une semaine entière de pluies torrentielles, le Bras a grossi d’une manière prodigieuse et, subitement, vendredi soir, un terrain de pas moins de dix arpents carrés [l’arpent est une mesure linéaire de 192 pieds, soit quelque 60 mètres] s’est effondré dans la rivière. Le théâtre de la catastrophe est à quelque distance de la Baie. À cet endroit, il y a nombre de maisons de cultivateurs et autres. C’est en plein village.

Comme à St-Alban, la rivière a changé son cours et a envahi les terres sur lesquelles elle a tout culbuté, renversé, emportant les maisons, les granges et les animaux. Une douzaine de maisons ont été démolies et se sont effondrées avec le terrain, pendant que l’eau, accourant avec la rapidité d’un torrent, détruisait tout sur son passage.

Le village est inondé, les maisons détruites et les habitants sont dans la terreur depuis vendredi soir.

Les éboulements se continuent de chaque côté du Bras, et les résidents des environs s’enfuient, emportant tout ce qu’ils peuvent avec eux.

L’eau, salée et boueuse, couvre une grande étendue de terrain et se jette dans la baie en nombreuses chutes. Le bouleversement est des plus complets. Les victimes de cette catastrophe ont pu se loger ici et là, chez les personnes qui demeurent hors des atteintes de l’inondation.

Ceux qui ont le plus souffert sont M. J. B. Boivin, cultivateur, qui n’a rien sauvé; Gariépy, propriétaire de scierie, qui a perdu une grande quantité de bois; Gagnon, qui perd une trentaine de mille pieds de bois emportés à la rivière; A. Larouche, dont la terre est détruite. L’écluse du moulin Boivin et Gagnon a cédé sous la pression de l’eau et devra être reconstruite. Le Bras Nord prend sa source dans les Laurentides et coule sur un lit argileux et sablonneux semblable à celui de la rivière Ste-Anne.

Plusieurs éboulements se sont produits dans le haut de la rivière, mais les dommages sont de beaucoup moins considérables qu’à la Baie, où les pertes sont au moins de $25,000. La Baie St-Paul est située à 60 milles de Québec, et les communications se font par les bateaux de la compagnie du Richelieu et en voiture. L’accès à terre dans la Baie est très difficile, plus difficile que jamais maintenant, à cause de l’inondation.

La pluie continue à tomber avec violence et l’on craint une nouvelle catastrophe à la Baie. Cet éboulement a beaucoup d’analogie avec celui de St-Alban. Il semble s’être produit absolument de la même manière et le bouleversement est le même. Lorsque les gens ont pu se sauver, il y avait 4 pieds d’eau. Heureusement que, dans le temps, le courant n’était pas très fort. On a eu toutes les peines du monde à sauver une femme malade et son enfant, né pendant le sauvetage. Elle se nomme Desbiens. Des travaux considérables devront être faits pour protéger le village.

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