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Enfin une bonne nouvelle au sujet de l’enfant

En règle générale, les histoires liées aux enfants dans la presse québécoise d’il y a plus de cent ans sont très tristes. Souvent insupportables. Au point où vraiment, la plupart du temps, je ne les affiche pas pour éviter de vous déprimer, ne pas vous troubler. On dirait que, manifestement, l’enfant n’a pas sa place dans cette société; bien plus, qu’il est de trop.

Fréquemment, on ne montre aucun respect à leur égard, particulièrement aux nouveaux-nés, les abandonnant partout, ça et là, cruellement. Une misère. Je découvre un monde incroyable que personne ne m’avait appris. Vous avez sans doute remarqué que je réclame souvent une grande histoire de l’enfant au Québec, dans le but, entre autres, que nous sachions quel fut notre comportement envers eux. Il a fallu le vingtième siècle pour que nous en fassions le siècle de l’enfant.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, voilà une bonne nouvelle au sujet de l’enfant, celle liée au soin d’un enfant né prématurément. La Tribune de Saint-Hyacinthe, du 10 mai 1889, la rapporte.

 

Un journal de Worcester, le «Spy», raconte la merveilleuse expérience qui suit :

Un compatriote, un M. Onésime Brissette, de Worcester, Mass., devenait la veille de Pâques le père d’un diminutif d’être humain, né trois mois avant terme et de sexe féminin.

Le Dr C H Darling résolut de recourir, pour lui conserver la vie, à l’expérience d’un de ces incubateurs dont l’on se sert en France avec tant de succès, en pareille occurrence, depuis quelques années, et le nouvel arrivé sur la planète terrestre paraît se trouver admirablement bien de la nouvelle couche qu’on lui a donnée depuis une semaine.

L’incubateur est de forme très simple.

On a pris dans une épicerie une boîte de grandeur suffisante que l’on a divisée dans le sens de sa largeur en deux compartiments au moyen d’une planchette qui tient lieu de lit à l’enfant. L’on tient dans le bas de la boîte ou de l’incubateur des bouteilles d’eau chaude. Une ouverture laisse pénétrer l’air qui se réchauffe en passant sur ces bouteilles d’eau chaude avant d’arriver à l’enfant, et sort ensuite par une ouverture pratiquée sur le dessus de la boîte.

Une éponge saturée d’eau donne à l’air le degré d’humidité suffisante, et un thermomètre permet aux parents de maintenir une température de 90 degrés, requise.

La lumière parvient à l’enfant au moyen d’une vitre que l’on a mise sur le dessus de la boîte. Toutes les deux heures, on [lui] donne une cuillérée à thé de lait, et trois cuillérées à thé constituent un très bon repas.

On a constaté que, sous l’influence de ce nouveau régime, l’enfant avait pris de jour en jour de nouvelles forces, et on le voit remuer ses mains et ses pieds minuscules avec beaucoup plus de forces que lorsqu’il eut la témérité de réclamer avant le temps, il y a huit jours, ses droits à l’existence, et on l’entend vagir avec beaucoup plus de force.

Il pesait alors, après six jours de réclusion dans cet incubateur improvisé, 2 livres et ¾ y compris la lingerie qui le couvrait. On l’a entendu vagir et crier toute la journée le jour de sa naissance, tant que l’incubateur n’a pas été prêt à le recevoir, et à peine lui avait-on procuré son nouvel asile qu’il entrait dans un sommeil profond.

Sa figure n’est guère plus grande que la circonférence d’une piastre américaine.

Un reporter, qui est allé voir le représentant presqu’embryonnaire de ce que l’on est convenu d’appeler le beau sexe, ne paraît pas être revenu enchanté de sa visite. Il prétend qu’elle a la face brune et les traits sillonnés de rides, ce qui lui donne presque tout l’aspect grimaçant d’une vieille de cent ans. Son séjour dans l’incubateur doit durer trois mois.

Si l’expérience du Dr Darling réussit, on aura découvert le moyen de sauver la vie à un grand nombre d’êtres que l’on regardait comme non viables autrefois. En France, on a réduit par ce moyen-là de 66 à 36 pour cent le nombre des mortalités en pareils cas.

 

L’illustration d’un incubateur fabriqué par un père de jumeaux à Havre-Saint-Pierre en 1952 est déposée à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Sept-Îles, Fonds Société historique de Havre-Saint-Pierre inc., Société historique de Havre-Saint-Pierre, Photographies, cote P19, S1, SS1, P446.

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