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Un Québécois à Alger

À l’hiver 1889, Honoré Beaugrand, propriétaire du quotidien montréalais La Patrie, visite l’Afrique du Nord. Et, une fois la semaine, il publie dans son journal ses «Lettres de voyage». Le 22 février 1889, pour sa 25e lettre, il s’arrête à Alger, la magnifique ville blanche.

Le livre de M. Piess nous apprend que la population d’Alger, recensement de 1886, est de 74,792 habitants. Les Français figurent pour 23,792 habitants, les Musulmans pour 16,759, les Israélites pour 8,486, les nationalités diverses pour 21,382 habitants.

C’est la capitale de l’Algérie, la résidence du gouverneur général, de l’archevêque, et de tous les chefs supérieurs des services civils et militaire. Elle est située […] sur la côte Nord de l’Afrique. Les maisons, enveloppées par des fortifications qui n’ont aucune utilité, s’étagent les unes au-dessus des autres; elles sont presque toutes terminées en terrasses et blanchies à la chaux.

Alger se compose de deux parties bien distinctes : la ville haute, conservant encore son cachet arabe, qui disparaît cependant de jour en jour, et la ville basse, l’âme à la française, poudreuse, animée. Tout a été dit sur Alger, sa position et son climat privilégié. Abou-Mohamed el-Abdery, le Maure de Valence, le savant voyageur, écrivait, un des premiers, au XIIIe siècle, à propos d’Alger :

«C’est une ville qu’on ne peut se lasser d’admirer et dont l’aspect chante l’imagination. Assise au bord de la mer, sur le penchant d’une montagne, elle jouit de tous les avantages qui résultent de cette position exceptionnelle : elle a pour elle les ressources du golfe et de la plaine. Rien n’approche de l’agrément de sa perspective.»

Au point de vue des monuments qu’Alger possède, j’ai déjà dit un mot, des arcades qui bordent le port pour en faire une superbe ligne de boulevards. Si nos édiles de Montréal pouvaient voir et admirer cela avec moi, il leur viendrait peut-être à l’idée d’essayer d’en faire autant dans notre beau port qui est vingt fois plus important et plus fréquenté que la capitale d’Algérie.

Nous nous vantons parfois, au Canada, de notre esprit d’initiative et de notre énergie, mais on pourrait prendre — et donner probablement — de bonnes et sérieuses leçons, sur les côtes du nord de l’Afrique, et sous la protection de ce superbe drapeau tricolore, qu’il est de mode de dénigrer et d’injurier, dans tant de parties du monde, aujourd’hui.

Alger possède plusieurs moquées fort intéressantes, de nombreuses églises catholiques, de beaux édifices civils et militaires, une bibliothèque et un musée, plusieurs théâtres, de beaux jardins publics, un immense champ de manœuvres et des environs ravissants.

 

Il faut savoir que l’Algérie est alors une colonie française.

Salutations à mes nombreux visiteurs en provenance d’Afrique du Nord, du Maroc, de l’Algérie, de Tunisie, de la Libye et de l’Égypte. Encore ce matin, à 9 heures, voici Casablanca, Rabat, Fes et Tunis.

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