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Pour sauver le cheval Canadien

Joseph-Alphonse Couture a joué un grand rôle dans l’histoire de la médecine vétérinaire au Québec. Vous trouverez sa biographie par Denis Goulet et Frédéric Jean dans le Dictionnaire biographique du Canada.

Couture mènera plusieurs luttes en faveur des animaux. Devant la quasi extinction du cheval Canadien, par exemple, causée par les croisements raciaux répétés et la vente des meilleurs géniteurs aux États-Unis au 19e siècle, il se battra pour la survie de la lignée à compter de 1884.

Voici l’extrait d’un de ses écrits sur le cheval Canadien paru dans Le Canadien du 16 janvier 1891.

Pourquoi les cultivateurs des districts québecquois ne commencent-ils pas à élever des chevaux pour usages généraux ?

Il ne leur sert de rien d’essayer les grosses races; il y a trop de neige par chez nous pour ces masses de chair molle. Il nous faut ici un cheval assez fort, mais assez léger, assez ardent tout en étant tranquille, pouvant voyager dix milles à l’heure et utilisable aussi bien aux travaux de la ferme qu’à la promenade.

Le cheval normand nous conviendrait parfaitement.

Dans les endroits montagneux, c’est le petit cheval canadien qu’il faudrait faire revivre en lui donnant un peu de sang pour lui relever la tête et le rendre un peu plus fier.

Comprenons donc une bonne fois que c’est inutile de s’en tenir au système actuel. Comprenons aussi que nous ne pouvons jamais lutter avec les ranchs du Nord-Ouest, qui, dans quelques années, l’an prochain peut-être, vont inonder nos marchés avec leurs chevaux de trait léger (express, chartier, de tramway) et qu’il va falloir spécialiser pour faire payer l’élevage des chevaux. Bon gré, mal gré, il faudra tôt ou tard (et mieux vaut tôt que tard) réaliser :

1. Que le Nord-Ouest va nous fournir les animaux de boucherie, les céréales et les chevaux de trait.

2. Que pour vivre ici dans la province de Québec, nous devons nous adonner à l’industrie laitière et à la production des chevaux de carrosse, des chevaux de selle, des petits chevaux, qui en France portent le nom de double-poney, c’est-à-dire du petit cheval de cinq pieds de hauteur, fort  courageux, énergique et d’une grande beauté.

Mettons-nous donc à l’œuvre au plus tôt pour produire ces spécialités.

Que les cultivateurs de chaque région s’entendent pour produire la même espèce de chevaux. Qu’ils apportent un grand soin au choix de leurs reproducteurs, surtout des mâles; qu’ils s’efforcent de rendre la couleur de leurs chevaux uniforme. Enfin qu’ils s’appliquent à former une race de chevaux.

De grâce, laissons les trotteurs en paix. Ce sont eux et les grosses races qui nous ruinent. Combien de cultivateurs doivent leurs désastres à ces chevaux-là ? Si l’on a un trotteur, il faut l’entraîner, fréquenter les hippodromes, les courses, on perd son temps, souvent on se met à boire et l’on se ruine.

Ceux qui sont amateurs de cette classe de chevaux trouveront aux États-Unis un bien meilleur sujet qu’ici et peut-être à aussi bon marché si l’on tient compte de la supériorité du cheval américain sur le nôtre.

 

Sur la photographie, on voit Richard Blackburn qui, depuis Québec, se rend à une université du Texas, avec ses deux chevaux, apportant du poil de 50 autres chevaux. Là-bas, l’étude de l’ADN montrera que la plupart des races chevalines actuelles en Amérique du Nord ont du sang de cheval Canadien, venu de France sous le Régime français. Richard et son amoureuse Louise Roux ont produit ce magnifique documentaire, La Légende du cheval Canadien, qui montre, en particulier, que ce qui tenait de la légende est pure vérité.

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