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Un adversaire du célibat

C’est certain, dans l’histoire, il n’y a pas beaucoup de sociétés qui ont fait la promotion du célibat. Sinon, ça aurait été se condamner à disparaître. Lisant la presse québécoise d’autrefois, on constate qu’on ne manque pas l’occasion de se moquer des vieux garçons, des vieilles filles.

Dans sa chronique hebdomadaire du Monde illustré, du 7 décembre 1895 — À bâtons rompusGaston-P. Labat «écrase» les femmes célibataires sous le poids d’enfants.

À propos d’harmonie, je n’en connais pas de plus belle que l’harmonie de la famille. C’est la multiplicité du tout dans un qui en fait la beauté, l’unité.

Ici, tirez vos chapeaux, vieilles filles.

J’ai l’honneur de vous présenter madame Genest, de la Beauce, mère de vingt-sept enfants.

J’ai l’honneur de vous présenter madame Plouffe, de l’Abord à Plouffe, mère de vingt et un enfants.

J’ai l’honneur de vous présenter madame Lefebvre, de Québec, mère de douze filles et dont le mari est typo. Vous voyez que c’est un bon compositeur.

J’ai l’honneur de vous présenter madame Joseph Vézina, de Québec, mère de sept enfants, tous musiciens comme leur père, Joseph Vézina, notre compositeur canadien, et enfants que j’appelle, moi, en l’honneur des sept notes de musique, Do, ré, mi, fa, sol, la, si…

Cette dernière harmonie musicale, unie à l’harmonie familiale, plus le nombre de soixante-sept enfants entre quatre familles seulement, cela vaut bien qu’on leur tire un coup de chapeau, n’est-ce pas, disciples de sainte Catherine ?

J’en passe, et des meilleurs.

Au reste, quand je veux passer pour un Gascon ou un Marseillais du Canada, j’envoie à mes amis de France une coupure d’un journal d’ici, qui se lit souvent comme suit : «Madame Sainte-Famille est morte à l’âge respectable de quatre-vingt-dix-neuf ans, laissant pour regretter sa perte trois cent-soixante-cinq enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants, etc., etc.»

C’est ce que j’appelle un calendrier de famille.

 

Pour en savoir davantage, voir l’ouvrage d’Elizabeth Abbott, Histoire universelle de la chaste et du célibat, Montréal, Édition Fides, 2001. Historienne, enseignant à l’Université de Toronto, l’auteure déshabille la question en plus 600 pages, depuis Athéna, Artémis et Hestia, les vierges grecques mythiques, jusqu’à la chasteté à l’âge du sida. Merci à mon bouquiniste Denys Néron pour le prêt de cet ouvrage.

La photographie ci-haut d’une peinture d’un prêtre prise vers 1870 est d’Ellisson & Co. Il pourrait s’agir de Charles-François Painchaud (1782-1838). On la retrouve à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Fonds Famille Landry, Souvenirs de famille, Photographies, Cote : P155, S1, SS1, D54.

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