Le service ambulancier dans la ville
C’est à Montréal que se crée un premier service ambulancier urbain. Pendant longtemps, dans une ville comme Québec, si quelqu’un se blesse lors d’un accident, on espère le secours d’un bon samaritain qui, à moins d’un cas très grave, le mènera chez lui ou chez un médecin, et non à l’hôpital. À Montréal, on songe plus facilement à un hôpital.
Il faut savoir que les quatre hôpitaux montréalais — l’Hôtel-Dieu, l’hôpital Général, l’hôpital Notre-Dame et l’hôpital Victoria — disposent d’un service ambulancier. L’Album universel du 4 novembre 1905 nous explique le fonctionnement.
Comme tous les services de ces ambulances urbaines sont faits de façon presque identique, pour les décrire en détail, nous prenons comme exemple l’ambulance de l’Hôpital Notre-Dame. C’est par excellence, on le sait, l’hôpital canadien-français.
C’est donc à celui-ci (et de par l’obligeance de son interne en chef, le docteur Demers) que nous devons les photographies ci-contre, prises spécialement pour l’Album Universel.
Dès qu’un malheur s’est produit en ville, ou n’importe où, à portée de l’ambulance, on téléphone au bureau de l’hôpital. Immédiatement, deux très bons chevaux sont attelés à la voiture d’ambulance, tout est prêt, en un instant, une demi-minute, le véhicule portant un interne, médecin, le conducteur, qui sonne une cloche, et des médicaments, trousse, etc., part à fond de train vers l’endroit où se trouve le patient.
Notons que la voiture contient des appareils, bandages, etc., pour un pansement sommaire, qu’elle peut contenir deux blessés et l’interne, qui, à l’intérieur du véhicule, a un strapontin à sa disposition. […]
L’Hôpital Notre-Dame, dont nous parlons, a trois voitures d’ambulance qui sortent par la porte de la rue du Champ de Mars, laquelle borde le dit établissement au nord. Car il est situé, comme on le sait, rue Notre-Dame, près du passage à niveau de la gare Viger.
L’ambulance en question reçoit en moyenne de trois à cinq appels par jour.
Quand il y a un incendie (auquel cas des accidents sont toujours à prévoir), au deuxième appel de la sonnerie des pompiers, les ambulances les plus proches sont tenues de se rendre sur les lieux du sinistre. En général, le plus grand nombre d’accidents se produit sur les quais, pendant la saison de navigation. On comprend pourquoi nous n’insisterons donc pas. La voie publique, avec ses victimes de la traction rapide, contribue ensuite à augmenter la néfaste liste des éclopés et des morts survenus à la suite de traumatismes.
L’Hôpital Notre-Dame a aussi un service d’ambulance privée pour aller chercher les malades à domicile, pour les transporter d’une demeure à l’autre, etc. Toutes ces ambulances sont aux frais de l’Hôpital qui les entretient sur ses fonds.
Quand un sujet, pour lequel l’ambulance a été appelée, est trouvé mort, l’ambulance a le droit de l’emporter à l’hôpital ou de faire transporter le cadavre à la morgue, où se fera l’enquête judiciaire. Notons que chaque voiture pouvant porter deux blessés, possède deux civières pour faciliter le transport des patients, selon les besoins du service.
À son retour vers l’hôpital, la voiture a une allure variable, selon les ordres du médecin donnés d’après l’état du patient.
Quand celui-ci arrive à l’Hôpital Notre-Dame, on le met dans la salle Saint-Joseph, qui est la salle de l’interne en chirurgie.
Les sorties de l’ambulance se font en tout temps, nuit et jour. Pour le service de nuit, il y a un interne qui prend la garde à minuit et en est relevé à 8 heures du matin. […]
On voudra bien remarquer que, dans leur antagonisme pour lutter contre la douleur, les ambulances et hôpitaux ne s’occupent pas de la race des patients. Tout le monde a le même droit à leurs services, et ils les prodiguent sans hésiter, avec le plus grand empressement et la plus grande bienveillance.
L’illustration est l’une de celles qui accompagne cet article de L’Album universel. On la retrouve sur le site de bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Ambulances, Services d’»