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Le retour de l’almanach

Une tradition à peu près perdue de nos jours est le retour du nouvel almanach à ce temps de l’année. Réflexion sur l’almanach du directeur de l’hebdomadaire, Léon Ledieu, dans Le Monde illustré du 27 novembre 1886.

L’apparition des almanachs de toutes sortes, grands et petits, pour rire ou pour dormir, illustrés ou non, m’apprend que je suis bien près d’avoir vieilli d’un an.

Autrefois, quand j’étais à l’âge où les années semblent si longues qu’on voudrait les doubler pour aller plus vite, je ne pouvais pas voir un almanach sans être aussitôt plongé dans les réflexions les plus profondes.

Qui donc faisait les almanachs? Quels pouvaient bien être ces hommes doués d’une sorte de seconde vue pour prédire ce que serait l’année prochaine, pour savoir qu’elle aurait 365 jours ou même 366, et qu’elle commencerait un lundi, un jeudi ou un dimanche ?

Concevoir qu’il pouvait exister des savants, assez savants pour dire d’avance, plusieurs mois longtemps d’avance, que Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, etc., tomberaient tel et tel jour ! Ne vous souvenez-vous pas combien tout cela vous étonnait ?

Quant à moi, je vous assure que j’avais pour les faiseurs d’almanachs une admiration sans bornes.

Et il faut bien avouer que leur science avait bien lieu de m’étonner, puisque je ne savais répondre quand (cela vous est peut-être arrivé aussi) on me demandait : «Quel jour de la semaine tombera le vendredi saint, cette année, ou le mercredi des cendres ?»

Hélas ! — je ne suis pas fier — je suis resté souvent bouche béante devant ce formidable point d’interrogation.

Les fabricants d’almanachs le savaient eux, puisqu’ils le marquaient sur leurs petits livres.

Ils savaient et savent encore bien d’autres choses, ces hommes étonnants !

 

Il faudrait remonter loin pour faire l’histoire de l’almanach. On raconte qu’après l’invention de l’imprimerie par Gutenberg au milieu du 15e siècle, l’almanach figurait après la Bible parmi les ouvrages les plus imprimés et les plus lus. Il m’arrive de me demander si, pour tuer le temps, sur les bateaux de Jean-François de la Rocque de Roberval et de Jacques Cartier en 1541-1543, on avait quelques almanachs sous la main.

Mon ami historien Bernard Allaire, l’auteur de la biographie de Jean-François de la Rocque de Roberval parue voilà quelques mois, m’écrit au sujet de l’almanach :

L’équivalent des almanachs en France au XVIe siècle étaient des imprimés ou manuscrits qui relataient toutes les dates de l’année, les fêtes (principalement religieuses) et les jours saints pour guider les fidèles et encadrer leur vie. L’augmentation de ce type de publication viendra avec l’accroissement de l’imprimerie. Il existait sinon des débuts des revues qui relatent les évènements notables qui se passent en France ou dans le monde, mais là encore il faut plutôt attendre le début du XVIIe siècle avec entre autre Le Mercure François (1605-1648) et le Mercure de France par la suite. Nous n’avons pas d’inventaire de ce qui fut mis dans les navires ni de la bibliothèque du château de Roberval, mais il est évident qu’ils ont apporté avec eux plusieurs livres. Ils reproduisaient ainsi des comportements de la noblesse en France. Savoir lire et écrire était un privilège distinctif. Reste que celui qu’ils lisaient le plus était la bible.

Merci, cher Bernard. L’illustration est une page extraite de l’Almanach Hachette de 1921.

 

 

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