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Une idée, croit-il, de génie

Un jour, quelqu’un se lève en pensant qu’il a trouvé enfin une vocation pour les nombreuses montagnes québécoises inutilisées. Sous la question «Que faire de nos montagnes ?», Le Canadien du 8 novembre 1889 fait écho à un article paru à ce sujet à Montréal.

Le correspondant d’un journal de Montréal entrevoit comme très prochain le jour où l’on utilisera les nombreuses montagnes qui bordent notre pays de tous côtés.

C’est autant de perdu, dit-il, pour la richesse nationale que tous ces caps, ces monticules, ces montagnes mêmes, semés avec tant de prodigalité par la nature sur toute la surface de notre territoire, puisqu’on ne les a pas encore fait servir à aucune exploitation.

Il est vrai qu’une question assez sérieuse s’impose ici à l’esprit qui tend à scruter le fond des choses : les montagnes, sans excepter les plus abruptes et les plus escarpées, sont-elles réellement susceptibles d’une exploitation quelconque ?

Le correspondant n’hésite pas à se prononcer dans l’affirmative, et, pour donner plus de force à son témoignage, il cite l’exemple de la Suisse, pays montagneux par excellence, qu’il a parcourue et dont il parle conséquemment en connaissance de cause.

En Suisse, donc, la façon d’utiliser les montagnes est toute simple en même temps que lucrative Elle consiste à les peupler de chèvres.

Il faut considérer, dit le correspondant, que l’on fait un excellent fromage avec du lait de chèvre. La peau de chèvre est elle-même préférable à la peau de mouton pour les chaussures. La peau  du petit de la chèvre (le chevreau) sert à fabriquer les célèbres gants Alexandre et Jouvin. […]

On pourrait croire que nos longs hivers seraient de nature à nuire à l’élevage des chèvres au Canada. Il n’en est rien. La chèvre est plus dure à la misère que le mouton. Elle peut vivre là où le mouton crèverait, et son entretien coûte moins cher.

En matière de conclusion, le correspondant résume en quelques lignes les deux manières dont pourraient être exploitées nos montagnes.

Les Laurentides et toutes les montagnes du pays, ainsi que bien des îles, peuvent être utilisées de deux manières : le versant des Laurentides du côté du midi pour la création de vergers et la culture de la vigne sauvage, le versant du nord pour l’élevage de la chèvre. En sorte que, en classant les choses dans l’ordre qui leur convient, pas un pouce de terrain serait perdu et augmenterait de la sorte la force productive du pays.

Nous ne donnons à notre tour cette idée que pour ce qu’elle vaut. Elle repose cependant sur des données assez sérieuses pour mériter d’être discutée par les sociétés agricoles du pays.

 

La gravure du lac Memphrémagog est parue dans L’Opinion publique du 1er octobre 1874. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Montagnes».

 

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