Quels journalistes avons-nous ?
Les écoles de journalisme au Québec sont bien récentes. Une quarantaine d’années, quoi. Auparavant, on apprenait sur le tas. En 1890, le journaliste Jules Simon souhaite une réflexion sur la qualité du journalisme. Le Canadien, de Québec, du 8 novembre 1890, fait écho à son propos.
M. Jules Simon explique dans son Petit Journal qu’il a «un grief particulier contre les journalistes orduriers. C’est qu’ils déconsidèrent la presse.»
Ce grief n’est assurément ni le seul, ni le principal; mais il est très légitime, et M. Jules Simon le prouve. Il dit, entre autres choses, très justement :
Allez donc défendre la presse à la tribune quand tous les pères de famille qui vous entendent ont fait chez eux la chasse aux journaux pendant toute la matinée ! Il est pénible, pour un journaliste qui respecte sa profession et son pays, de subir le voisinage de ces immondices.
Est journaliste qui veut. Pour être médecin, pour être avocat, il faut un diplôme. L’avocat commence par être stagiaire. Tant qu’il exerce sa profession, il est soumis à l’autorité du conseil de l’ordre, qui applique, avec raison, une discipline sévère.
Pour devenir un journaliste important, il faut tout simplement plaire au public; il n’y a pas d’autres conditions ni d’autre moyen. Et comment plaît-on au public ? En l’éclairant sur ses intérêts et sur ses devoirs, ou en flattant ses mauvais instincts et ses goûts dépravés.
Le premier de ces deux rôles ne réussit qu’à une petite élite. L’autre est à la portée de tous ceux qui, à une facilité d’écrire, joignent l’absence de scrupules. […] C’est une situation qui ne peut durer. Où est le remède ?
L’illlustration d’Antoine Gérin-Lajoie, journaliste, avocat et écrivain, est parue dans L’Opinion publique du 24 août 1882. On le retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Journalistes». Antoine Gérin-Lajoie est le compositeur, à 18 ans, de la fort belle chanson Un Canadien errant.
