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Prendre le train pour retrouver son bateau

Lorsqu’arrivent les derniers jours de novembre, que le temps est froid, il faut se méfier du lac Saint-Pierre, entre Montréal et Trois-Rivières. Très peu profond, long de 38km et large de 10, il est le premier endroit sur le fleuve Saint-Laurent où la glace cherche à se former. Voyez cette histoire dans le quotidien de Québec Le Canadien du 24 novembre.

Trois goélettes venant de Montréal, chargées de marchandises générales, se sont trouvées pressées dans la glace du lac Saint-Pierre. Le remorqueur qui les conduisait a pu en dégager deux d’entre elles et les mettre à l’abri à Trois-Rivières.

Mais il en reste une, la goélette Audet et Robitaille, capt. Homère Thibodeau, chargée de fleur, son, clou, pour plusieurs marchands de la Basse-Ville [de Québec, bien sûr], celle-là est encore à la dérive. Les intéressés dans la cargaison sont partis pour Trois-Rivières par le train du Pacifique, hier après-midi.

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Dans La Minerve (Montréal) du 26 novembre 1888, le correspondant du journal à Québec écrit à ce sujet : «Le froid de ces jours derniers a produit son effet; du lac Saint-Pierre jusque devant cette ville [Québec], le fleuve est couvert de glaces flottantes et tout indique que la fin de la navigation est arrivée. Les rapports du golfe disent que le vapeur Pomeranian, de la ligne Allan, parti de Montréal, hier, pour Londres et qui a été forcé de relâcher à Sorel, est incapable de continuer sa route et il hivernera probablement à Sorel. Le remorqueur Florence, venant de Montréal avec les goélettes Audette et Robitaille, Reine des Anges, Meteor et Abeona à sa remorque, a été pris dans les glaces avant d’arriver à Trois-Rivières. La Audette et Trois-Rivières, avec une cargaison générale, a été coupée par les glaces et on la compte totalement perdue. Les trois autres goélettes ont été remorquées à Trois-Rivières où elles hiverneront. Le Florence est parti à midi pour revenir à Québec.»

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Le Canadien du 27 novembre 1888 écrit : «Le remorqueur Florence, qui descendait la goélette Audet et Robitaille et trois autres goélettes lorsqu’elle a péri, est arrivé à Montréal samedi matin. M. Jewell dit que le naufrage a eu lieu vis-à-vis Trois-Rivières. Le capitaine et l’équipage se réfugièrent de suite sur une autre goélette tout à côté, et environ vingt minutes après la Audet et Robitaille fut renversée sur le flanc. Après avoir mis les autres en sûreté, le Florence se mit à la recherche du vaisseau naufragé dans le but de le remorquer à Trois-Rivière, mais il fut impossible de fixer une amarre assez solidement après ce qui émergeait de l’eau, et, comme la brume devenait épaisse, il fallut abandonner cette tentative. En descendant à Québec, le Florence a vu la goélette à Bécancour, la quille en l’air et la mâture le long de la coque. Le remorqueur a recueilli quatre pièces d’eau-de-vie, trois quarts d’huile, une pièce de vin et deux sacs de noix. La cargaison, dont la plus grande partie a été perdue, est évaluée à $10,000. Le capitaine avait dans une valise une somme de $100 qui est à bord.»

Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Fonds Famille Landry, cote P155, S1, SS2, D14. Propriété du capitaine Philippe Landry, ce voilier de style goélette, baptisé du nom de sa fille, fut construit à l’île d’Orléans en 1886.

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