Ils sont partout !
Quelqu’un a-t-il dit que les Québécois forment un peuple de casaniers ? Celui-là, s’il existe, a tout faux, selon Benjamin Sulte. Le journaliste et historien trifluvien y va d’un article à ce sujet dans L’Écho des Bois-Francs du 16 octobre 1897.
Le père [Pierre-Jean] de Smet, qui a passé de longues années dans les montagnes Rocheuses, disait : «Je voudrais bien savoir où les Canadiens-français n’ont pas pénétré.»
M. Honoré Beaugrand, qui a parcouru ces contrées, a vu nos compatriotes partout. Sur une rivière déserte, il y a des Canadiens qui se promènent. Dans les gorges inconnues de l’Arizona et du Colorado retentissent les accents de Vive la Canadienne. Au bord des lacs enchanteurs de ces régions éloignées se montrent des campements canadiens. Sur les rochers qui bordent des rivières torrentueuses sont gravés des noms populaires parmi nous. Ce dompteur de chevaux sauvages, c’est un Canadien. L’esprit aventureux de la race est partout dans ces pittoresques contrées. C’est lui qui indique du doigt l’avenir. Un avenir immense, qu’il donne, comme un riche seigneur, aux générations futures.
Il y a quelques années une expédition fut envoyée par le gouvernement de Washington pour explorer quelques centaines de milles du parcours de la rivière Colorado où se rencontrent près de quatre cents chutes et cascades. Naturellement, personne n’y habite — la rivière est inconnue dans cette chaîne de Montagnes et de précipices. Or, au beau milieu du trajet, les ingénieurs ont aperçu un Canadien, seul cabané dans une anse, près d’un ruisseau qui se décharge au fleuve. Que faisait-il en ces lieux solitaires ? Il lavait le sable du ruisseau pour en retirer de l’or et disait que ce travail lui rapportait quinze piastres par jour; c’est pourquoi il avait passé huit mois et se proposait de continuer jusqu’à ce qu’il eût épuisé la richesse du ruisseau. Il se nomme Félix Lantier.
Ne dirait-on pas un conte de fée, une trouvaille à la Monte Cristo, une robinsonnade dorée ? hé oui ! c’en est une, c’est un Canadien qui a trouvé une manière de s’enrichir : il s’en va au diable vert, découvre une mine, la garde pour lui seul loin des regards jaloux des autres chercheurs de fortune. Les ingénieurs américains ont été stupéfaits, quoiqu’ils sussent déjà qu’il y avait des Canadiens dans les Rockies.
Le coureur des bois, œuvre en bronze de Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté, photographié par Roland Charuest en 1947. La photographie provient de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote E6, S7, SS1, P35512.
Et l’expédition lewis et clark fut quider pas des canayens!
Ah oui.