Un riche Anglais et une jeune Sioux se plaisent follement
C’est ce que rapporte le quotidien Le Canadien, de Québec, du 26 octobre 1888.
La grande sensation du jour à Standing Rock (Dakota) est le mariage aussi romanesque qu’imprévu d’un riche touriste anglais, Henry Ashburton, avec une jeune Indienne Sioux, âgée de dix-huit ans.
Fils d’un grand manufacturier de Leeds (Angleterre), M. Ashburton est depuis quelque temps, avec plusieurs de ses amis, en partie de chasse dans le Dakota. Or, il paraît que, la semaine dernière, les chasseurs s’étant égarés ont planté leurs tentes près de l’agence indienne. Leur arrivée a fait sensation parmi les Indiens, et le soir même, pendant qu’ils étaient à dîner, une jeune Indienne, fille d’un chef Sioux, a fait irruption dans leur tente, et, se jetant au cou de M. Ashburton, s’est mise à le couvrir de baisers, à la stupéfaction et au grand amusement des autres chasseurs.
La jeune femme, dit-on, est d’une beauté ravissante, et M. Ashburton, après s’être quelque peu remis de son agréable surprise, n’a pas hésité à lui rendre ses caresses. Dès lors, les amoureux ne se sont plus quittés pour ainsi dire, et les compagnons de chaise de M. Ashburton, qui n’avaient fait d’abord que rire de l’aventure, ont commencé à concevoir de graves inquiétudes.
Mais l’Anglais ne devait pas s’arrêter en si beau chemin et, en dépit des efforts qu’ont pu faire ses amis pour l’en détourner, il a épousé la belle Indienne, à l’agence d’abord, puis selon le rite des Sioux, dans la tribu desquels il s’est fait en même temps admettre. Mme Ashburton porte encore le costume indien; mais quand elle sera vêtue à l’européenne, elle n’aura pas de peine, dit-on, à éclipser la beauté des plus belles femmes de Londres.
Le mariage, ajoute-t-on, est parfaitement légal; mais on croit en général que le fol Anglais ne tardera pas à se lasser de son Indienne et qu’il finira par l’abandonner.
Dessin d’Edmond-Joseph Massicotte (1875-1929) paru dans Le Monde illustré du 16 novembre 1895. On le retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Indiennes d’Amérique».
