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La Grenouille des bois

Tondant la pelouse, j’ai fait lever cette belle bête, la Grenouille des bois (Rana sylvatica, Wood Frog). Son nom, semble-t-il, le dit bien : contrairement aux autres grenouilles qui vivent dans l’eau, elle préfère les bois.

Fouillant à son sujet, je constate d’abord qu’elle est bien de son pays, fille du fossé des amphibiens. Au sujet d’elle et des congénères de son espèce, le site internet Bestioles.ca dit : «Comme elles vivent en forêts, et dans les boisés, elles profitent d’une petite mare d’eau temporaire, pour se reproduire et y pondre environ 2 000 œufs. Comme cette petite mare ne dure que le temps du printemps, les têtards sont moins en danger que dans une mare d’eau permanente qui contient des poissons.» Une fois seulement, j’ai surpris un échassier dans mon fossé en train de faire bombance.

Dans Inconnus et méconnus, Amphibiens et Reptiles de la Province de Québec (Québec, Société zoologique de Québec, 1950), Claude Melançon écrit : «Dans la mare temporaire, où la femelle vient rejoindre son compagnon qui coasse en nageant, l’étreinte caractéristique est de courte durée. Avant que l’hépatique ait fini de fleurir, le mâle, seul à posséder de la voix, est redevenu silencieux pour un an et les deux sexes sont partis en chasse, chacun de son côté. Ils laissent derrière eux des masses d’œufs de 4 à 5 pouces de diamètre, attachées à des brindilles ou à des herbes submergées, qui voisinent parfois avec des paquets d’œufs de Salamandre. Ces masses gélatineuses, la Nature les protège quelquefois d’une couche de minuscules algues vertes qui échangent avec l’embryon de l’oxygène contre du bioxide de carbone. Elle permet aussi que les basses températures ne les tuent pas, mais retardent simplement leur croissance.»

«Les Têtards, dit Melançon, qui s’échappent de ces berceaux à demi végétaux, au bout de trois à quatre semaines quand le printemps se montre maussade, plutôt quand il est ensoleillé, sont presque noirs

Par ailleurs, mon lieu, avec ses feuillus abondants, ses sous-bois et ses herbes longues, est fort humide. Et j’aime ce que le naturaliste Melançon ajoute, car, à cause de cela, cette grenouille a trouvé chez moi une terre à demeure. «Aussitôt pourvue de membres et de poumons, la Grenouille des bois, la plus terrestre des membres de sa famille établis dans notre province, tourne le dos à l’eau. Le sol humide des sous-bois lui convient parfaitement. Les futaies de hêtres l’attirent, mais on la trouve aussi dans les forêts d’essences variées et même sous les conifères.»

Melançon aime cette petite bête. Il devient lyrique à l’occasion. «Les yeux, en relief sur une tête fine, sont splendides. Grands, leur pupille noire, ovale, est entourée d’un iris brillant, couleur d’or. Leur partie inférieure, noyée dans le sombre des joues, est d’un brun foncé. Deux pierres fines présentées sur un coussin de velours marron. […] Harmonisé avec les sous-bois, souvent pris pour une feuille que soulève le vent, cet Amphibien est trop peu connu. En plus d’admirer sa grâce, son agilité et surtout les deux bijoux enchassés dans sa tête fine, on voudra entendre ronronner doucement dans la main qui le retient captif ce génie bienfaisant des sous-bois humides.»

Cette grenouille peut vivre de 4 à 5 ans. Et comment passe-t-elle l’hiver ? Parfois, complètement gelée. Le site Bestioles.ca écrit : «Ce qui est particulier de cette espèce, c’est qu’elle peut être complètement gelée pendant son hibernation, grâce à son sang particulier. Son hibernation dure jusqu’à dégel du printemps, où elle va alors retrouver son activité normale.»

Chère Grenouille des bois.

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