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La vache Jersey

Les premières mentions d’importation de vaches Jersey au Québec remontent à 1868. Le 22 juillet 1905, dans L’Album universel, le journaliste A. Beauchamp part à la découverte de cette vache laitière.

La petite vache Jersey, aujourd’hui si populaire et si recherchée en Amérique, est originaire comme on le sait de cette petite île verte flottant dans l’Atlantique, ancrée bien en vue de la France, mais faisant partie du domaine insulaire du Roi d’Angleterre, qui, entre parenthèse, tient à sa propriété.

L’île Jersey, longue de dix milles à peine, est une combinaison extraordinaire de forêts épaisses, de plaines immenses et de riches prairies, de jardins luxuriants et de rocs acides et sauvages. Les côtes sont percées de baies innombrables et couronnées de vieux châteaux historiques, bâtis par les premiers maîtres de cette terre privilégiée, les vaillants Normands, que Guillaume le Conquérant avait menés à la conquête de l’Angleterre.

Aujourd’hui, la population de l’île est presque exclusivement française encore, de langue et de mœurs, et sur les vieilles fermes, justement fameuses, comme sur les grands marchés publics, on entend le vieux et typique patois des provinces de Bretagne et de Normandie. Le fermier breton est incontestablement aujourd’hui le maître de l’île. En chapeau à longs pendants et en sabots de bois, il semble dépaysé sur cette terre si bien anglaise pourtant. On a dit de nous, Canadiens-français, que nous sommes des Anglais parlant français. Combien à plus forte raison les Jerséistes sont-ils des anglais parlant breton.

Un des paysages les plus caractéristiques de l’île Jersey, celui qui a le plus contribué peut-être à la rendre fameuse entre toutes les possessions de Sa Majesté britannique, c’est la vue de ces immenses pâturages, où vivent les troupeaux de vaches et de génisses, qui constituent le plus riche trésor des habitants. «Le fermier est attaché à son veau comme l’avare à son or», c’est là un dicton du pays et, si jamais la race bovine de Jersey disparaissait de l’île, celle-ci aurait perdu la moitié de sa valeur et de son charme.

C’est que la vache Jersey est une œuvre d’art. À voir son pelage si uniformément tacheté, on la croirait peinte à la main et elle est toujours si nette et si propre qu’on est porté à se demander si elle n’est pas lavée et brossée tous les jours comme une bête d’étalage. Petite, élégante, tranquille comme un mouton, d’une constitution forte par excellence, d’un entretien économique à l’extrême, la vache Jersey est le type idéal de la vache laitière. Depuis deux cents ans, la race s’est développée sans que jamais aucun mélange ne soit venu en altérer la vigueur ni la fécondité.

L’importation des vaches Jersey en Amérique s’est faite sur une grande échelle depuis quelques années et l’entreprise a été partout couronnée des plus heureux résultats. L’animal s’acclimate facilement et est d’un tel rendement que le jour n’est pas lointain où l’élevage de la race sera général au Canada et aux États-Unis, car l’on comprend déjà que la vache Jersey est sans rivale.

Au Canada, l’élevage n’est encore que du domaine de la riche exploitation, sur les fermes modèles et les ranchs des gros propriétaires, mais le gouvernement et les associations agricoles entourent d’une telle sollicitude une si louable initiative qu’il est permis d’espérer que le Canada ne reculera pas dans la voie du progrès.

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