«Quel temps aurons-nous ?»
Ou petite leçon de barométrie par l’hebdomadaire montréalais L’Album universel du 25 juillet 1903.
Il est bien peu de maisons dont une fenêtre, au moins, ne soit garnie d’un baromètre.
Nous approuvons fort cet usage: il est toujours très bon de savoir à quoi s’en tenir sur le temps qu’il doit faire.
Mais, tout en approuvant la possession du baromètre, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer combien est petit le nombre de personnes sachant parfaitement s’en servir.
La science du baromètre
Regarder le mercure monter dans le tube, et dire «Il fera beau»; le regarder descendre et dire: «Il fera vilain», voilà, à peu près, la science de tout le monde.
Avouons qu’elle n’est pas difficile !
Il est des observations plus précises, que des gens attentionnés ont faites, et qui vont bien plus loin, en fait de nuances, dans les divers pronostics qu’on peut tirer de l’instrument qui nous occupe.
Négligeant tout ce qui n’est pas sûr, nous allons vous donner un apercu de tout ce qui peut se passer pour observations certaines…
Ce que dit le mercure du baromètre
1) Le mercure qui monte et descend avec une assez rapide alternative annonce d’une manière infaillible un changement de temps;
2) La descente du mercure dans le tube n’annonce pas toujours de la pluie, mais parfois aussi du vent;
3) La nature des vents influe sur la descente plus ou moins marquée du mercure: ce dernier baisse moins par les vents nord, nord-est et est que par tout autre vent;
4) Voici un cas qui explique une des contradictions apparentes du baromètre. Il règne parfois deux vents en même temps: l’un près de terre et l’autre dans la région supérieure de l’atmosphère. Si le vent le plus haut est nord, et que le plus bas soit sud, il peut survenir de la pluie, quoique le mercure soit alors très élevé; au contraire, si c’est le vent sud qui est le plus haut, et le vent nord le plus bas, il n’y aura point de pluie, quoique le mercure soit très abaissé;
5) Lorsque vous verrez le mercure monter, et continuer à s’élever pendant ou après une grande pluie, vous pouvez compter sur du beau temps; si, au contraire, il descend lentement, mais avec continuité, c’est que le mauvais temps continuera;
6) Pendant un temps beau, si le mercure monte beaucoup et «lentement», c’est présage de la continuation du beau temps; mais s’il monte beaucoup et «promptement», c’est une annonce que le beau temps sera de courte durée. Lorsque le mercure descend beaucoup et promptement, vous pouvez y voir aussi une indication pour le mauvais temps;
7) Si vous voyez le mercure séjourner peu de temps au variable, il vous pronostique un ciel mixte, c’est-à-dire ni beau, ni vilain; mais, dans ce cas, si peu que le mercure descende, vous pouvez compter sur du vent ou même de la pluie. Si le contraire a lieu, c’est-à-dire si le mercure monte, ne fût-ce que très peu, il y a de grandes chances pour que l’on puisse espérer le beau temps;
8) Pendant un temps très chaud, si le mercure espère une descente considérable, il annonce l’orage et le tonnerre; si cette descente est peu importante, il y a du beau temps à espérer;
9) Quand le mercure monte en hiver, il annonce de la gelée; s’il descend d’une manière sensible, c’est une indication de dégel;
10) Pendant qu’il gèle, si le mercure se met à monter, il annonce de la neige.
Il va sans dire que nous ne prétendons pas vous donner là toute la gamme des observations barométriques; mais nous croyons vous avoir indiqué les principales.
Étudiez-les, elles pourront vous être d’utilité. Il est peu de moment où l’on n’ait à consulter l’ingénieux instrument : une visite, une course, une sortie quelconque vous le fait interroger.
Nous serons heureux de vous avoir mis à même de comprendre ses réponses…
