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Célébration du Colibri à gorge rubis

Nous avons mené combat en faveur de nos Colibris à gorge rubis (Archilocus colubris, Ruby-Throated Hummingbird), vous le savez. Pour vous en convaincre, recourez au moteur de recherche à droite en y inscrivant le mot «colibri». Mais, ma foi, nous n’avons pas encore célébré le colibri à l’aide de quelques anciens ornithologues qui en ont parlé. Allons-y donc.

James Macpherson LeMoine, qui lui consacre près de huit pages dans Ornithologie du Canada (1861), l’appelle l’Oiseau-mouche ou le Rubis de la Caroline. «Sa taille est de trois pouces; il est vert doré en dessus; blanc grisâtre en dessous, et sa gorge est d’une couleur rubis très brillante, qui est remplacée, chez la femelle, par une cravate blanche; la queue est peu fourchue, composée de rectrices grêles; le bec est droit, noir, ainsi que les tarses. […] L’Amérique est la patrie par excellence de ce sylphe aérien.» […]

«Voyons ce que dit Buffon : « De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature […] L’émeraude, le rubis, le topaze brillent sur ses habits; il ne les rouille jamais de la poussière de la terre et, dans sa vie toute aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat; il vit de leur nectar et n’habite que les climats où sans cessent elles se renouvellent. […] Leur bec est une aiguille fine, et leur langue est un fil délié; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants. Leur vol est continu, bourdonnant et rapide; le battement des ailes est si vif que l’oiseau, s’arrêtant dans les airs, paraît non seulement immobile, mais tout à fait sans action. »

Ainsi parle Buffon. Et LeMoine de préciser : «Il s’agit d’histoire naturelle et non pas d’allégories mythologiques

Il ajoute : «Ces oiseaux affectionnent surtout les fleurs dont la corole est tubuleuse, telles que le Datura stramonium, le Bignognia radicans et le Chèvre-feuille, non pas seulement pour étancher leur soif en pompant le nectar qu’elles renferment, mais surtout pour se nourrir des petits Coléoptères et des Mouches que ce nectar attire. Ils sont peu farouches, ne fuient pas l’homme, et entrent même dans les appartement où se trouvent des fleurs fraîches.»

Charles-Eusèbe Dionne, lui, dans Les oiseaux du Canada (1883), dit que, contrairement au mâle à la gorge «miroitant d’un rouge rubis», la femelle a la gorge blanche pointillée de brun.

«L’Oiseau-mouche, écrit-il, est le plus petit et le plus brillant de tous les oiseaux. D’une agilité extrême, il semble ne point connaître le repos et voltige sans cesse d’une fleur à l’autre pour chercher, dans leurs corolles, le petit coléoptère qu’il retire avec sa langue extensible et filiforme. Doué d’une grande puissance dans le vol, il se transporte d’un endroit à un autre avec une rapidité étonnante. Il pose son nid, petite merveille de construction, sur une branche d’arbre, de manière à simuler une loupe tronquée, et lui donne à l’extérieur la couleur même de la branche. C’est dans ce petit chef d’œuvre qu’il dépose ses trois œufs blancs de la grosseur d’un pois

P.-A. Taverner, dans Les oiseaux de l’Est du Canada (1920), écrit que l’oiseau, en période estivale, habite «l’est de l’Amérique du Nord jusqu’aux limites des terres à culture». Et l’ornithologue note qu’il a une valeur économique. «Si l’on se rappelle que certains petits insectes nuisibles sont les plus destructeurs, on pourra se rendre compte que l’importance économique de l’oiseau-mouche peut être beaucoup plus considérable qu’on le soupçonne. À part le suc des fleurs, son régime alimentaire comprend des moucherons, des cousins, de minuscules abeilles, des guêpes et autres insectes qui se posent sur les fleurs et se nourrissent de pollen. Il ne semble pas qu’on puisse accuser cette espèce d’aucun dégât et, par contre, elle peut rendre des services tout à fait hors de proportion avec sa taille.»

Dans Charmants voisins (1940), Claude Melançon rapporte que les premiers colons français l’appelaient l’«oiseau-fleur». L’ornithologue s’attarde, entre autres, à décrire le nid. «Fait de laine empruntée aux frondes des fougères, de graines de pissenlit, de duvet de plantes, il est recouvert extérieurement de lichens disposés fort artistiquement et attaché avec des fils d’araignée ou des lambeaux de la demeure d’une chenille à tente. Et comme il repose à plat sur une branche d’arbre, pommier ou autre, à plusieurs pieds du sol, il ressemble d’en bas à un nœud de branche recouvert de mousse.»

Melançon ne cache pas son intérêt pour cet oiseau. Étant sans peur, les Colibris sont des oiseaux familiers. Notre présence ne les intimide nullement. Ils mangent volontiers à côté de nous, explorent parfois le bouquet de fleurs que nous portons dans nos bras. C’est pourquoi il est facile de les attirer en exploitant leurs goûts. Ils ont une prédilection marquée pour les fleurs rouges et orange, surtout quand elles sont en forme de trompette. Une touffe de monarde, un massif de capucines, de lis ou d’ancolies, reçoit leur visite régulière. Il est même possible de les dresser à prendre du sucre entre nos lèvres et à fréquenter assidument les petites bouteilles d’eau sucrée, garnies de rouge pour imiter les fleurs, que l’on suspend aux piliers des vérandas. Il n’est pas de voisin ailé qui réponde plus promptement à nos avances ou accepte avec moins de façon l’hospitalité d’une maison, représentée par un sucrier découvert au milieu de la table.

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