Mai, le mois de Marie
Il y a une centaine d’années, l’Église fêtait en mai le mois de Marie, une tradition qui vit le jour à Rome au 18e siècle. Durant ce mois, on peut se rendre à l’église chaque soir pour prier la Vierge. Ça et là on répète que c’est «le mois le plus beau». Et on ouvre ce mois avec faste. À Montréal, le 1er mai 1902, à la une, le journal La Patrie rend compte de l’événement sous le titre «La fête de la Vierge». Pour l’ensemble des paroisses de Montréal, l’ouverture se fait chaque année à Notre-Dame-de-Bonsecours, car c’est le plus ancien sanctuaire de la métropole.
L’ouverture solennelle du mois de Marie, à Bonsecours, a été splendide, hier soir. Dès avant 7 heures, l’église était remplie de fidèles, tellement remplie que les dames du chœur furent obligées de jouer des coudes pour atteindre l’escalier qui conduit à la tribune de l’orgue. Le lieu resplendissait de lumière et les parfums des fleurs naturelles se mêlaient à ceux de l’encens. Un chœur féminin, nombreux et bien composé, entonna un cantique à la Vierge et une fraîche voix disait les soli.
M. l’abbé Hermas Langevin, chapelain du couvent de Lachine, monta en chaire et dit éloquemment la bonté suprême de la Mère du ciel, les grâces innombrables qu’on peut obtenir en s’adressant à elle pendant ce mois. Après le sermon, la bénédiction solennelle du Très Saint Sacrement, précédée de la récitation du chapelet, commença, présidée par Monseigneur l’archevêque de Montréal.
Cette bénédiction avait un caractère éminemment solennel et la musique faite par le chœur fut très bien exécutée : des voix de femmes, fraîches et pures, montaient vers le ciel en une prière ardente.
Ce soir-là, on entonna assurément ce chant choral fort doux.
Ci-haut, La Vierge à la grenade, de Sandro Botticelli, que l’on peut voir à la Galerie des offices, à Florence, en Italie.