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Ahaira, femme à barbe

Je ne sais si vous vous souvenez. Voilà plus d’un an, je vous entretenais d’une femme à barbe originaire de la Virginie, Annie Donovan.  Souvent, la presse de 1900 nous parle des femmes à barbe et beaucoup d’entre elles gagnent leur vie dans les cirques. Engagées aussi par de grands hôtels, elles doivent se tenir alors dans le hall pour attirer de nouveaux clients.

Voici que l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré du 21 janvier 1899 revient sur le sujet des femmes à barbe.

Les femmes à barbe ne sont pas rares : beaucoup d’entre vous en connaissent.

Les sculpteurs grecs — nous dit le Science illustrée, de Paris — ont cru nécessaire de nous en conserver le souvenir par une statue d’une Vénus, la Vénus Cyprienne, ornée d’une belle barbe. À Rome, une loi avait été édictée pour empêcher les femmes de se raser les joues. Les femmes des Lombards, guerrières courageuses, portaient de fausses barbes fabriquées avec leurs cheveux, pour les ennemis sur leur sexe et augmenter ainsi l’effectif de leurs troupes. Charles XII, roi de Suède, avait un grenadier femme qui ne déparait pas son régiment et qui se battait comme les meilleurs soldats. Faite prisonnière à la bataille de Pultawa, elle fut présentée au Tsar en 1723; sa barbe mesurait alors une aune et demie (environ six pieds !).

Le 18 octobre dernier, le docteur Haberda, professeur de médecine légale à l’Université de Vienne (Autriche), présenta à ses élèves un homme petit, porteur d’une forte moustache et d’une vigoureuse barbe. Grand fut l’étonnement quand leur professeur leur annonça que l’homme qu’ils voyaient, c’était une femme !

Mme Lefte Ahaira (c’est son nom) a trente-trois ans. Elle est née à Tunis (Algérie) de parents italiens, la sixième d’une famille de quinze enfants tous bien constitués. Elle se maria à seize ans, eut un enfant bien constitué, mais qui est mort depuis.

Devenue veuve, elle fut ennuyée par le soin à prendre de se raser; elle laissa donc croître sa barbe, et demanda au gouvernement italien la permission de porter des habits d’homme. Ce qui lui fut accordé.

Elle a la voix fortement masculine, de même que tous les traits du visage, ainsi que les lecteurs le verront par le portrait que nous en donnons. C’est, d’ailleurs, une caractéristique générale des femmes ayant la barbe bien développée.

Mme L. Ahaira, pour vivre, se propose de s’exhiber comme phénomène en Europe et en Amérique : nous la verrons donc, très probablement, à Montréal, peut-être bientôt.

 

Source de l’image: Le Monde illustré, 21 janvier 1899. On peut la retrouver à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Femmes à barbe».

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