Ah, la chanson !
J’aime beaucoup la chanson. Vous voulez chanter ? Sur ce site, à ce jour, 72 articles réfèrent à une ou des chansons. À chaque fois qu’un journal en échappe une, je m’y arrête. Un jour, quelqu’un nous offrira le grand livre des chansons entonnées au Québec. Des premiers chants amérindiens jusqu’à aujourd’hui. Voir d’ailleurs cette chronologie culturelle de la vie à Québec depuis la fondation de la ville, dans laquelle on trouve des mentions sur le sujet.
Aujourd’hui, dans Le Monde illustré du 21 janvier 1893, le journaliste et historien Benjamin Sulte nous prévient qu’il vient de trouver des notes dans le fond d’un tiroir. Et ces griffonnages l’emmènent sur la piste d’une magnifique chanson irlandaise, pour moi inconnue.
Qui de nous n’a entendu chanter Kathleen Mavourneen et n’a éprouvé une partie des émotions que les Irlandais ressentent toujours à l’audition de ces accents étranges et si profondément poétiques ? Eh bien ! l’auteur de cette musique est mourant à Baltimore, dans l’hôpital des pauvres. Son nom est Frédéric-Nicolas Crouch. Il est âgé de quatre-vingt-quatre ans. On cite deux éditeurs qui ont fait fortune par la vente de sa ballade, sans lui verser un seul sou. C’est en 1835 qu’il la composa. Depuis, en mille et mille circonstances, il l’a entendue résonner dans les rues, les concerts, les maisons particulières, comme une plainte ironique qui le poursuivait, lui le déshérité, qui avait eu une attaque de génie, selon le mot de Lamartine, et qui en subissait les conséquences durant toute sa vie. Ma foi, la gloire, tournée de cette manière, ne vaut rien.
Rouget de l’Isle a vécu pauvre et est mort de même. Robert Burns n’avait jamais cinq sous dans sa poche. L’auteur de Home sweet home n’a jamais eu de chez lui. Le poète qui fit la chanson de la Chemise creva de faim durant cinquante ans.
Ce n’est point comme cela en Canada ! Ici nous n’écrivons pas de chefs-d’œuvre, mais nous vivons bien et nous mourons gras.
Cette photographie de Benjamin Sulte est disponible à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, cote P1000, S4, D83, PS52. On la retrouve sur cette page Wikipédia consacrée à Sulte.
Cher Vous, une autre des chansons qu’on écoutais pour s’endormir…
Malgré le grand vent
Qui gronde sans trêve,
Léna Le Morvan
S’en vient à la grève.
S’en vient en chantant
Une cantilène
Tout en tricotant
Un beau gilet de laine
Son point de tricot
Connu d’elle seule,
Lui vient de Margot
Sa défunte aïeule
Et son homme, un fier
Et beau capitaine
Mettra cet hiver
Ce beau gilet de laine
Sur un bâtiment
De pêche il commande
Mais en ce moment
Il revient d’Islande
» Jamais reprisé,
» Huit mois à la peine,
» Qu’il doit être usé,
» Son vieux gilet de laine »
La mer aujourd’hui
A l’air de lui dire :
» J’amène celui
» Que ton cur désire… »
Songeant au retour
La joyeuse Hélène
Met tout son amour
Dans son tricot de laine.
Près d’elle soudain
L’Océan qui bave
Jette avec dédain
Une horrible épave
C’est un naufragé
Recouvert à peine
D’un » ciré » rongé …
Et d’un tricot de laine.
Jetant son tricot
Dans la mer menteuse
Avec un sanglot
Meurt la tricoteuse
Sur le corps mi-nu
Que la vague amène
Elle a reconnu
Son vieux tricot de laine.
Ô, chère Mildred, c’est du Théodore Botrel, «Le tricot de laine» ! Hé, merci beaucoup.
Cher Vous , en fait maman nous chantait ses cinq-six cahiers copier de sa belle main d’écriture à l’encre rouge et reproduit au son durant ses années d’employée de maison, d’a peu-près toutes les chansons de Botrel et autres importés des années 30-45; elle avait parcouru la province du nord au sud avec ses bourgeois, le temps d’une paix, lorsque les filles des campagnes s’expatriaient en ville pour faire vivre leur famille .
Quelle belle histoire, chère Vous. Merci beaucoup.
Cher Vous, je les ai aussi toutes souvent chanter aux enfants pour les endormir en y rajoutant au fil des ans, »j’ai pour toi un lac quelque part au monde un beau lac tout bleu… »je reviendrai à montréal dans un boing bleu de mer… », tu t’rappelles frédéric autour d’la table… ». Les enfants raffolent des comptines, pour la suite…
Bravo, chère Mildred. Moi aussi, j’ai beaucoup chanté à mes enfants.
Cher Vous, ce que je voulais dire enfin c’est que les paroles de ces chansons -là venu d’ailleurs nous donnait un vocabulaire que nous n’aurions jamais trouver dans nos campagnes, comme encore maintenant parfois.
Absolument ! Ça emmenait d’ailleurs l’enfant à nous questionner parfois sur certains mots.