Une plante étonnante
Sur mon terrain, à divers endroits, j’ai toujours aperçu, depuis 36 ans, cette plante étonnante, qui me fascinait par son étrangeté. Mais, même en fouillant dans mes guides d’identification, jamais je n’arrivais à y mettre un nom.
Finalement, mon ami Pierre Morisset, biologiste et botaniste, me dit que ce sont là les frondes fertiles de l’Onoclée sensible (Onoclea sensibilis, Sensitive Fern). L’été, ce chapelet de petites enveloppes sphériques, qui cachent des promesses de vie, est de couleur verte, donc moins spectaculaire. Mais, à ce temps-ci, le voici brun.
Le botaniste Marie-Victorin affirme que cette plante est partout présente dans les milieux humides. Fleurbec, dans Plantes sauvages des lacs, rivières et tourbières (Éd. Fleurbec, Saint-Augustin de Portneuf, 1987) dit qu’il n’est pas rare qu’elle voisine l’Osmonde royale (Osmunda regalis, Royal Fern) et l’Impatiente du Cap (Impatiens capensis, Cape Touch-me-not). Marie-Victorin ajoute que l’Onoclée sensible est «l’une des rares Fougères modernes que l’on connaisse à l’état fossile». Le site internet Encyclopedia of life dit qu’on a trouvé des empreintes fossilifères qui s’y apparentent et remontent à l’époque des dinosaures. Il semblerait donc que cette plante n’ait guère évolué depuis plus de 65 millions d’années. Je m’incline. Et m’enlève du chemin.
Merci, cher Pierre, pour le nom. Je ne sais plus qui a dit : on ne «possède» que ce qu’on peut nommer.
L’image de l’Osmonde royale provient d’un ouvrage magnifique publié par le Montreal Star, Wild flowers of Canada (Montréal, 1894).
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