On vit plus vieux
En 1900, on constate qu’on vit plus vieux que nos parents. Toutefois, on reconnaît deux passages critiques, la petite enfance et la soixante-dizaine.
Article de l’Album universel du 3 octobre 1903 sur le sujet.
Il est connu de chacun que les chances qu’a un nouveau-né d’atteindre un âge relativement avancé se sont accrues de façon marquée depuis une époque relativement peu éloignée. La durée moyenne de la vie a augmenté; l’expectation de vie s’est accrue, ce qui tient, naturellement, aux progrès de la médecine et surtout de l’hygiène.
Cette augmentation est sensible, même à des intervalles de temps fort courts, à dix ans de distance. C’est ce que vient de faire voir, pour l’Angleterre, M. E.-S. Hayward, dans un travail publié par le « Journal of hygiène », où l’expectation de vie est calculée pour la période 1891-1900, d’après le recensement de 1901, et comparée à celle qui existait durant la période 1881-1890. Ce travail fait voir, en effet, que les chances de survie que l’on possède actuellement, en Angleterre, à n’importe quel âge, sont nettement supérieures à celles que l’on avait il y a dix ans. Il n’y a d’exception que pour trois ou plutôt deux périodes de la vie. L’une de ces exceptions étonne : elle concerne le nouveau-né.
Il y a recul, en effet, sans qu’on sache trop pourquoi. Les chances qu’a l’enfant de moins d’un an d’atteindre l’âge de deux ans sont diminuées d’un centième. C’est une manière de dire que, pendant la période 1891-1900, il y a eu une recrudescence de mortalité infantile. La mortalité infantile, que l’hygiène bien entendu avait diminuée, s’est accrue. Pour quelle raison, par suite de quelles maladies, par suite de quelles erreurs d’hygiène, par suite de quelles constitutions épidémiques encore, — car le problème est loin d’être simple ?
On ne sait, mais le fait est là. Sans doute, toutefois, ce recul pourra n’être qu’éphémère. L’autre exception correspond à la période 70-75 ans. Ici encore, il y a un fléchissement. Mais il est plus intelligible. Plus la mortalité du jeune âge et de l’âge adulte sera diminuée, plus la mortalité devra s’accroître chez le vieillard. Et vers 70 et 75 ans, époque assez critique dans la vie, il mourra d’autant plus de personnes qu’on aura plus sauvé de sujets chétifs à un âge moins avancé.
Pour tous les autres âges, l’expectation de la vie s’est accrue. En ce qui concerne le sexe masculin, l’accroissement est faible pendant les périodes moyennes de la vie. Il varie de 0 année 00084 à 25 ans, à 0 année 004 à 55 ans; mais, durant la vieillesse, il est plus considérable, surtout après 85 ans.
Actuellement, l’enfant de moins d’un an atteint, en moyenne, l’âge de 44 ans passés; l’homme de 30 peut compter aller à 63 ans; celui de 50 ans peut espérer fêter son 68e anniversaire; celui de 70 ans, son 78e.
La fille de moins d’un an atteint en moyenne 47 ans, près de 48, plus que le garçon; mais on sait que la mortalité infantile est plus élevée pour le sexe masculin; la femme de 30 ans a droit à atteindre 65 ans; celle de 50 ans, l’âge de 70 ans; celle de 70 ans, 78 comme l’homme.
Enfin, chez les deux sexes, le sujet de 95 ans peut s’attendre à vivre deux ans encore; un dixième d’année de plus qu’il y a dix ans.