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Victoriaville en 1860

Mémoire d’un vieux chef de gare de retour sur son ancien lieu de travail. L’Écho des Bois-Francs du 23 septembre 1899 nous fait part de sa visite à Victoriaville après 40 ans d’absence.

Jeudi de cette semaine, nous avons eu le plaisir de voir un des premiers résidents de notre localité, Mr Georges Rainsford, autrefois agent de gare et opérateur de la compagnie du Grand-Tronc, ici. C’est avec le plus grand plaisir que nous avons eu le plaisir d’entendre raconter une des pages les plus intéressantes de l’histoire ancienne de notre petite ville. La première chose que M. Rainsford a exprimée a été un étonnement qui, dit-il, surpasse tout ce que j’aurais cru prévoir pour l’avenir de cet endroit que j’appelais «le pays de la savane», car alors Victoriaville était dans un pays marécageux, et les premiers colons qui sont venus s’y établir ont été obligés de faire de grands travaux d’irrigation et aussi de rapporter de la terre pour empêcher l’inondation.

Aujourd’hui, dit M. Rainsford, je revois les mêmes lieux, mais embellis et pour bien dire méconnaissables si je n’avais pour me reconnaître la rivière Nicolet, le vieux moulin et surtout la vieille gare où j’été agent trois années, à partir de l’année 1856 jusqu’en mai 1859. C’est vers cette époque que le moulin actuel de M. Achille Gagnon a été construit par Mr Harrison, de Québec. La chaussée a été reconstruite et grandement améliorée sur ce qu’elle était auparavant, lorsqu’elle était entre les mains de Mr Baril.

Mr Rainsford, nous parlant de la valeur des terrains alors, a été surpris de s’entendre dire que un peu plus d’un demi-arpent de terrain, dans la ville, aurait été vendu $2,250. « De mon temps, on aurait acheté tout le village et peut-être les alentours. »

Mr Rainsford nous parle beaucoup du vieux Mr Perreault, l’un des premiers fondateurs de notre ville et celui à qui appartenait presque tout le village. Mr Rainsford a assisté au mariage de M. Zéphirin Perreault. Il était grand ami de cette famille. Il est agréablement surpris de voir les petits fils du vieux patriarche Olivier Perrault tenir nos deux magnifiques hôtels. Mr Rainsford, après son départ de notre localité en 1859, s’en alla à la Pointe St-Charles, comme opérateur et agent. Il nous rapporte que le 13 décembre 1859, les rails étaient posés sur le pont Victoria, lui et quelques amis traversèrent, les premiers, le pont Victoria sur l’engin qui aussi, le premier, traversa le pont Victoria. Vers 1863, il alla aux États-Unis à la guerre américaine [la guerre de Sécession] et revint ensuite prendre une position sur le chemin de fer Baltimore & Ohio, et il demeure à l’emploi de cette compagnie, à Mount Savage, dans le West Maryland.

Mr Rainsford était le troisième agent qui a passé à notre gare; il avait été précédé par Mr Brush et M. de Boucherville, ce dernier ayant été le premier agent.

La rue Notre-Dame était presque toute couverte de forêts et à peine quelques maisons faisaient tout l’ornement de notre localité. Il y avait un magasin habité par Mr Larue et aujourd’hui le magasin de M. D. O. Bourbeau; mais, dit Mr Rainsford, je ne l’aurais pas reconnu tant il s’est métamorphosé. « Il y avait alors, dit-il, un chemin qui conduisait du haut du village, c’est-à-dire de chez M. Zoël Perreault jusqu’à la rivière Nicolet, un peu en bas du moulin de Mr Gagnon, à peu près un arpent plus bas que le pont qui traverse la rivière actuellement. Ce chemin était, en partie, bordé de bois : c’était plutôt un petit sentier.

Aujourd’hui, après quarante années d’absence, il revoit ces anciens lieux pourvus de tout le progrès moderne : deux banques, la lumière électrique, l’aqueduc, de grandes manufactures, des grands magasins bien pourvus, de belles résidences et surtout, ajoute-t-il, une classe d’hommes d’affaire qui s’entendent très bien pour le progrès de leur localité.

M. Rainsford est allé visiter Québec et retournera chez lui la semaine prochaine. Ayant été heureux de revoir cet ancien de notre endroit, et d’avoir vécu un instant de ces vieux souvenirs qui sommeillent dans la mémoire des vieillards, nous lui souhaitons un bon voyage.

 

La photographie aérienne d’une partie de la ville de Victoriaville aujourd’hui provient de l’adresse suivante.

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