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Encore cette histoire de chapeaux au théâtre

Peut-être vous souvenez-vous qu’au printemps 1899, devant le grand nombre de plaintes de spectateurs, les propriétaires de théâtre en étaient venus à défendre le port du grand chapeau en pleine salle de spectacle.

Mais même si les femmes à haut chapeau acceptent de se décoiffer, apparence que le problème peut être tout autre maintenant. Sous le titre Terrible conséquence de l’obligation pour les femmes de se décoiffer, La Patrie du 12 juillet 1905 raconte cette histoire.

 

On n’est jamais content de son sort. Cela est bien vrai, mais il est également vrai qu’il y a des hommes qui sont déraisonnablement grincheux. Ils grinchent à propos de tout et à propos de rien. Sous prétexte, par exemple, qu’ils aiment mieux, au théâtre, suivre ce qui se passe sur la scène que de contempler les parterres fleuris étalés sur les chapeaux très dispendieux de ces dames, ils ont réussi à forcer les pauvres femmes à se défaire pendant les représentations de cette moitié d’elles-mêmes.

Or, les hommes grincheux n’ont certainement pas prévu toutes les conséquences de leur victoire sur le sexe faible et beau; ils n’ont pas, par exemple, prévu le cas des salles de spectacle, où il n’y a pas de vestiaire et où la femme, après avoir gardé toute une soirée son chapeau sur ses genoux, doit attendre d’être rendue dehors pour se coiffer, en se servant de la vitrine d’un magasin en guise de «conseiller en grâces».

L’aventure piquante, c’est le cas de le dire, qui est arrivée, hier soir, à la sortie de la salle Karn, mérite d’être narrée en guise d’illustration de ce que nous avons dit précédemment. Passons donc au déluge, sans plus de préambule.

Tout le monde avait hâte de sortir de l’étuve qu’était la salle Karn, hier soir, le représentant de La Patrie, tout comme les autres.

L’épouse de notre représentant tenait son chapeau devant elle et attendait d’être sortie pour s’en coiffer. Nous passions entre deux rangées de chaises pour aller plus vite. Tout à coup, un gros monsieur, très élégant, qui précédait immédiatement l’épouse de notre représentant, se prit à se tortiller et à se démener comme s’il venait d’être mordu par une tarentule ou comme s’il avait mis le pied sur une batterie électrique ou un câble de traction. Comme ses voisins commençaient à s’intriguer, il se retourna, et une petite voix lui dit : «Pardon, monsieur, est-ce que je vous aurais piqué ?»

L’incident se termina dans un fou rire, qui se communiqua à une dizaine de personnes.

C’était deux malheureuses épingles à chapeau qui, fichées droites dans le chapeau de la dame, la pointe en dehors, venaient de pénétrer accidentellement dans … le dos du monsieur. On comprend que ce dernier ne devait pas être sur un lit de roses.

La morale de cette histoire, c’est que si les hommes grincheux n’avaient pas obligé les femmes à se décoiffer dans les salles de spectacle, les messieurs qui aiment le théâtre pour ce qui se passe sur la scène, ne seraient pas exposés à se faire piquer dans le gras par les épingles des chapeaux de ces dames !

 

Source de l’illustration : l’Album universel, édition du 5 mars 1905

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