Bien manger, mais aussi vraiment se laver
Ces jours-ci, en plein cœur de l’été, il faut vraiment se donner une hygiène de vie. La qualité de son alimentation importe. De même que le lavage corporel, dans un bain. La Patrie du 5 juillet 1905, en page 3, le conseille à ses lecteurs sous le titre Hygiène.
Il fait chaud. Dans des journées comme celles que nous passons, il s’agit d’être prudents. Manger à l’excès ou manger vite sont choses dangereuses. La plupart des indigestions sont causées par la rapidité avec laquelle on prend ses repas. Vous souvenez-vous de la sieste de nos ancêtres ? Après le repas du midi, ils prenaient généralement un repos d’une demi-heure couchés sur un sofa ou même sur la dure.
Il est certain que nous faisons un trop grand usage de viandes.
Les légumes sont un excellent aliment. Nous n’avons pas besoin de parler du lait ou de la crème. Dans les campagnes, l’on s’en procure facilement. Cela est moins aisé dans les villes. Cependant, en mettant le lait sur la glace aussitôt qu’il est livré, s’il est de bonne qualité, il se conserve sans peine vingt-quatre heures. Tenez votre bouteille de lait ou de crème bien fermée. C’est l’air qui les fait se corrompre.
La Patrie parle souvent de l’usage des bains. Dire à certaines gens qu’ils devraient se baigner tous les jours, c’est presque les jeter dans la stupeur. Nous voudrions bien que ceux-là essaient du régime que nous leur suggérons. Qu’ils l’essaient pour leurs petits enfants, et ils nous en donneront des nouvelles, et ils nous en remercieront.
Nous ne comprenons pas comment des gens peuvent vivre sans se laver. On se lave les mains, on se lave la figure, pourquoi ne se lave-t-on pas le corps entier ? Veut-on nous répondre à cette question. Il est facile de se procurer de l’eau. Si vous êtes près d’une rivière, le problème est tout résolu. Si vous avez un mince ruisseau, endiguez-le, faites un barrage. Le problème est résolu. Si vous n’avez rien de tout cela, vous avez un puits. Rien de plus facile de se procurer un bain, une affaire de quelques piastres. Pour l’été, vous pouvez placer votre bain n’importe où. L’important c’est d’y mettre de l’eau et de s’y laver.
Il va de soi que nous n’écrivons pas pour tous nos lecteurs ces choses si claires, mais nous savons par nos expériences de voyages que l’habitude des bains, c’est-à-dire du lavage du corps, n’est pas encore implantée dans nos mœurs comme elle devrait l’être.
Il faut que nos maisons d’éducation, que nos écoles normales donnent des notions d’hygiène — l’an prochain, pas plus tard.
Le département de l’Instruction publique devrait faire l’inspection de toutes les maisons d’éducation qui reçoivent des subventions de l’État, et voir à ce que les notions essentielles d’hygiène y soient enseignées.
Il y a beaucoup de maisons où cette inspection sera surrégatoire, car elles ont compris l’importance de l’hygiène.
Dans tous les collèges, dans tous les couvents, la pratique du bain devrait être l’une des obligations imposées aux élèves.
Une ville comme Montréal devrait avoir plus de bains publics, des bains gratuits. Les endroits ne manquent pas pour les établir.
Pour bien comprendre cet article de La Patrie, il faut savoir qu’on avait construit la plupart des logements, et même des résidences, sans même penser à un emplacement pour un bain, avec la tuyauterie nécessaire. C’est seulement au 20e siècle que le bain fera son entrée dans les demeures. Voilà la raison pour laquelle on demande ici la multiplication de bains publics en ville. Par ailleurs, on ne parle pas non plus de douches. La douche fut pensée à la fin du 19e siècle dans les casernes militaires pour permettre à des dizaines de soldats de se laver en même temps. Comme pour le bain, on ne retrouvera la douche dans les maisons qu’au 20e siècle.
La gravure ci-haut provient de l’ouvrage de la Congrégation Notre-Dame, L’économie domestique à l’école primaire, IIIe et IVe années, Québec, L’Action sociale, 1934. Ouvrage approuvé par le Comité catholique du Conseil de l’instruction publique, le 23 septembre 1925.
incroyable le chemin parcouru et je dirais, encourageant en un sens: souvent quand je vois des ‘ apôtres ‘ proner pour leurs valeurs – le vert, le social etc… – je me dis, on n y arrivera jamais car trop loin du but. à lire votre billet, je me rappelle comment tout changement débute de façon épisodique et banale, une conférence, un article, un… blogue (!), et tranquillement, inéluctablement mène au changement, vers souhaitons-le, l évolution positive et c est bien le cas ici – vive la propreté, le meilleur préambule de la santé. Santé à vous!
Merci infiniment, chère Vous. Tout à fait. La patience, la ténacité, la vie qui tient et tient. Santé à vous également, fort principe de vie, bien sûr. Belle soirée.