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La planète Mars en 1900

En 1900, l’univers passionne. Comme aujourd’hui d’ailleurs. On espère savoir si quelqu’un nous accompagne quelque part dans ce monde. Aussi, dès que le sujet s’y prête, on y va d’un article sur le sujet.

Par ailleurs, actuellement, après avoir mis le pied sur la Lune, on commence à penser à un voyage vers Mars. Déjà, on l’évoque depuis quelques années. Mais qu’est-ce donc que cette planète ? Quelle idée se fait-on de Mars au début du 20e siècle ?

À ce sujet, La Patrie y va d’un article, La Planète Mars, le 5 juin 1905.

Nous avons tous grandi dans cette douce pensée que la planète Mars était sillonnée de canaux géométriquement tracés et reliant les lacs et les mers. On a publié sur ces canaux, sur ces lacs, sur ces mers, des mémoires bourrés, truffés de renseignements précieux et précis. On a donné des noms à ces étendues d’eau, on les a mesurées ! Il nous fut ainsi révélé que ces canaux ont jusqu’à cinq mille kilomètres de longueur sur trois cents de largeur, dimensions d’autant plus remarquables que la planète Mars passe pour avoir un diamètre deux fois inférieur à celui de la terre. On a dressé avec une tranquille assurance la carte de Mars.

On était bien convenu que les canaux de Mars étaient des canaux.

Survient un savant astronome, l’abbé Moreux, qui nous fait part du résultat d’études acharnées auxquelles il se livre depuis de longs jours sur la planète Mars du haut de son observatoire de Bourges. Il nous apprend que les fameux canaux de Mars et les non moins notoires lacs de cette petite planète de rien du tout ne sont autre chose que des surfaces couvertes de végétation, ne rappelant en aucune façon les lignes décrites par certains observateurs.

Patatras !

L’abbé fait connaître les raisons qui l’amènent à cette conclusion; il prépare, du reste, un mémoire sur l’ensemble de ses observations.

Cela finit toujours par des mémoires.

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On s’expliquerait ainsi les apparents déplacements des canaux martiens, qui permettaient en quelque mesure de les considérer comme des canaux automobiles !

Leur aspect change suivant l’état de la végétation. On ne les revoit plus quand celle-ci disparaît.

Que deviennent les calculs précis, les formelles assurances des astronomes ?

Je constate que les observations de l’abbé Moreux corroborent celles que fit en 1594 [c’est plutôt 1894] l’astronome américain Percival Lowel, et, d’après lesquelles ce serait bien à la végétation, non à des surfaces liquides qu’il faudrait attribuer les prétendus canaux de la planète en question.

Il y a fort à faire encore pour que l’astronomie puisse prendre rang parmi les sciences exactes !

Sur la planète Mars, les astronomes nous ont servi des bourdes vraiment colossales. Il y a quelques années, l’astronome Douglas, opérant dans un observatoire de l’Arizona, annonça au monde scientifique émerveillé qu’il venait d’avoir la joie immense d’enregistrer un télégramme lumineux envoyé de la planète Mars ! Ce message interplanétaire, écrit en longues lettres de feu, avait brillé pendant une heure dix minutes et s’était éteint brusquement.

Plusieurs publications scientifiques s’occupèrent de cet événement, le commentèrent avec cette gravité douce qui caractérise à la fois les savants et certains monomanes. Très excité, un autre astronome, ne doutant plus que la planète Mars fut habitée, résolut de répondre à ses avances. Il partit pour l’Espagne, à la recherche de vastes espaces plans et non plantés d’arbres. Il trouva son affaire dans les plaines de la Manche et se mit en devoir de tracer sur le sol, à grand renfort de terrassements, des signes géométriques immenses. Il rendit compte de son expérience en un mémoire qui contenait cette conclusion : « Maes a compris ! »

Je crois me rappeler qu’à la suite de cette entrée en relations avec les habitants de la planète Mars, on négligea de l’enfermer dans un asile d’aliénés.

 

Ce Percival  Lowell, dont il est question dans l’article de La Patrie, serait, selon la page wikipédia à son sujet, au départ de la mythologie martienne des auteurs de science-fiction du 20e siècle, comme H. G. Wells.

Et voici la photographie de Mars prise par le télescope Hubble. On la retrouve à l’adresse suivante : http://www.flickr.com/photos/cosmobc/4484688308/

Par ailleurs, en 1976, la sonde américaine Viking 1 se pose sur Mars. Le récit, en anglais, de cette aventure et les premières images.

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