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Une chasse à la souris

Je me demandais, avez-vous peur des souris? Diable, il ne faudrait pas que vous passiez par Sainte-Anasse, mon lieu béni. Les miennes, sont quasiment des souris de cirque. À tant nourrir les oiseaux en bordure de la maison, voilà longtemps que j’en ai tiré mon parti. Et, depuis le début, que je répète à celles et ceux vivant en ce lieu qu’ils ont droit de cité. Nous habitons une arche de Noé. Et mes souris, lorsque j’en vois une, le soir [rassurez-vous, il n’y en a pas tant], vont vite, mais trottent menu.

Écoutez, vous souvenez-vous de la chansonnette de Lucienne Boyer, Reviens Billy, en 1956 ? Si banale qu’on ne la retrouve même pas à ce jour sur You Tube. Et impossible sur la grande Toile de mettre la patte sur les paroles non plus. Ah, misère de misère ! Qui donc nous offrira un jour sur internet Reviens Billy ?

Tout de même, je me rappelle des premières lignes qui ressemblaient à :

Reviens Billy, reviens Billy,
Y’a une souris derrière le frigidaire.
Et j’ai peur.
Prends garde,  je suis cardiaque…

 

Bon, d’accord, passons plutôt à cette histoire qui a pour titre « La chasse à la souris », parue dans La Patrie du 4 mai 1897.

Une dame qu’il est inutile de nommer, mais que ses amis reconnaîtront facilement quand nous aurons dit qu’elle s’occupe beaucoup elle-même de son ménage, faisait une tournée d’inspection dans l’office quand elle découvrit une souris dans le baril à farine.

À sa place, neuf femmes sur dix se seraient sauvées en poussant des cris de paon… Notre héroïne n’est pas de celles-là.

Sans perdre la tête, elle appelle le domestique, lui dit de faire venir le chien de la maison, de s’armer du fusil de chasse de monsieur et de se placer à bonne distance pour tuer la souris.

Ces préparatifs terminés, la dame monte sur une chaise et, à l’aide d’un manche à balai, elle fourgonne dans le baril à farine. La souris en sort aussitôt, le chien s’élance  à sa poursuite et le domestique, jugeant le moment opportun, presse la détente.

Le coup part et le chien roule, foudroyé; à ce spectacle, la dame s’évanouit et tombe du haut de la chaise, le domestique, croyant avoir fait coup double et craignant d’être pendu pour meurtre, jette le fusil et se sauve à toutes jambes; on ne l’a pas revu. Quant à la souris, elle court encore.

 

Source de l’illustration : un dessin de Paméla Pinard, à l’entrée de L‘Animalerie, Boutique tropicale, rue Cartier , à Québec.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Mais pauvre chien, tout de même.
    Employer des domestiques était chose courante à l’époque ou cette dame faisait partie de la haute?

    10 mai 2012
  2. Jean Provencher #

    Allez savoir, cher Victor. Mais j’opterais pour la haute. Il y a beaucoup de pauvre monde à l’époque dans une ville comme Montréal, qui n’avait pas les moyens de se payer un domestique.

    10 mai 2012
  3. Ton histoire m’a bien fait rire, en tout cas!

    10 mai 2012
  4. Jean Provencher #

    Et tu sais, cher Victor, j’aime le «fourgonner dans le baril à farine». Un terme du 13e siècle, vieilli dit le dictionnaire, signifiant remuer la braise du four, le combustible d’un feu avec un fourgon. Dans ces journaux de 1900, on retrouve des mots qui, aujourd’hui, sont vraiment complètement perdus. N’oublie pas de fourgonner la braise de ton poêle à bois, les nuits sont encore fraîches !

    11 mai 2012

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