Nous y venons maintenant
Pas à pas, nous entrons dans le second versant de l’année, celui des jours longs. Déjà, depuis deux mois, la lumière ouvre la parade. Voilà maintenant mars et le soleil qui commence à fouiller. La corneille est revenue. Chez moi, nouveauté, un Carouge à épaulettes (Red-winged blackbird, Agelaius phoeniceus), solitaire et silencieux, petit caporal, est rentré.
Le naturaliste Claude Mélançon, dans son ouvrage Charmants voisins, publié d’abord en 1940, réédité à de nombreuses reprises, et toujours disponible en librairie aux Éditions Guérin, écrit à son sujet : Chaque printemps ramène du sud des États-Unis, dans nos champs de roseaux et nos marais, ces oiseaux sociables et tapageurs, étroitement apparentés au Goglu et à nos rares vrais étourneaux. Les vieux mâles, reconnaissables à leur épaulette feu, arrivent d’abord, vers le temps où les Merles commencent à courir nos pelouses, puis viennent les mâles nés l’année précédente, qui portent des épaulettes oranges, et enfin les femelles dont le plumage gris, rayé de brun et de jaune, est tout à fait différent.
Chez moi toujours, les Chardonnerets jaunes (American goldfinch, Carduelis tristis) sont présents depuis novembre. Si vous avez le bonheur d’en avoir chez-vous en ce moment, observez-les bien. C’est en mars qu’ils commencent à changer de vêture. Tous habillés du même manteau durant l’hiver, voilà que mâles et femelles vont bientôt se préciser. Le jaune commence à se montrer chez les petits mâles, sur la gorge d’abord, alors que les femelles deviendront de plus en plus d’un tendre vert olive. Il faut se mettre beau pour l’amour.
Et puis, vendredi, à la coop du village, Gilbert me disait que les érables ont commencé à couler dans mon coin de pays.
Nous y venons maintenant. Par d’infimes traits. Sorte de pays de nuances. Et, pendant ce temps, un écureuil heureux d’une bouchée de pain.
Ici, en Montérégie, ce ne sont encore que les moineaux et les corneilles……..cependant j’ai cru entendre le chant du merle cet après-midi. Il est tôt il me semble. C’est toujours un réel plaisir que d’entendre les premiers gazouillis de la gent ailées. La vie reprend ses droits et nous revoilà aussi regaillardis !
Chez moi, Nicole, le merle n’est pas encore là, mais des amis de Saint-Gilles de Lotbinière et de Beauport me disent qu’ils ont maintenant le leur.
Charmants Voisins de Claude Mélançon, édité en juin 1940, en cent exemplaires.
Je le feuillette délicatement et avec grand respect ou chaque illustration m’émerveille dans une simplicité presque naive.
À part la valeur éducative et créative de ce chef d’oeuvre, y a-t-il une valeur substantiel pour le collectionneur?
19 février 2013
Je ne saurais vous dire, cher Raymond. Je cours les bouquinistes pour dénicher de l’info dans des ouvrages aujourd’hui disparus et non pour la valeur substantielle du collectionneur. Même une dédicace de l’auteur ne m’excite pas.
Quelles belles photos vous faites. Je les admire inlassablement. Chez moi, ce ne sont qu’écureuils et encore des écureuils… Les oiseaux s’entendent quelque part au loin; mais jamais dans ma cour. Je me demande s’ils craignent mes chiens…
Je ne crois pas que si vos chiens sont calmes, chère Silvana, les oiseaux les craignent. Les bêtes n’aiment pas les chiens lorsqu’ils sont pleins d’entrain. Autrefois, on n’allait jamais faire le train du matin à l’étable avec le chien si celui-ci était une nature excitée; cela indisposait les animaux qui sortaient de leur nuit calme.
Eh bien j’ai ma réponse: mes chiens sont excités et débordent de joie dès qu’ils mettent le nez dehors. En bon chiens de ville, ils sont dedans presque toutes la journée (car je travaille) alors quand ils sortent « ils s’épivardent» avec entrain !
Je pense bien que c’est ce qui se passe, chère Silvana.