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Les raquetteurs de Lévis à Montréal

La raquette est probablement le sport hivernal le plus aimé en 1900. De nombreuses paroisses ont leur club de raquettes et ceux-ci sont nombreux à Montréal et à Québec. Dans les grands défilés officiels, religieux ou profanes, on retrouve toujours les raquetteurs, raquettes aux pieds en hiver, ou au dos en été. Et les clubs se voisinent de place en place.

Ainsi, le dimanche, 12 février 1899, par exemple, les Lévisiens rendent visite aux Montréalais. Le journal La Patrie du lendemain fait écho à cette rencontre.

Le club de raquettes Le Voltigeur de Lévis, le plus beau club du genre qu’il y eut dans la province de Québec et nous pouvons dire dans le Canada tout entier, est venu à Montréal en excursion, hier. Les gais raquetteurs étaient au nombre d’environ quatre-vingts, ce qui ne représente, soit dit en passant, que la moitié environ du nombre total des membres du club. […]

À deux heures, il y eut une grande parade des raquetteurs par les rues Notre-Dame, Bonsecours, St-Denis, Ste-Catherine et St-Laurent jusqu’à l’avenue Mont-Royal où un char spécial les attendait pour les transporter au Sault au Récollet où la réception proprement dite eut lieu à l’hôtel Deschamps. Un discours de bienvenue fut prononcé par M. Lamalice au nom des clubs de raquettes de Montréal, et spécialement du Montagnard. Le major J. E. Martineau, président du club visiteur, remercia les Montagnards de ce qu’ils avaient fait pour assurer le succès du voyage des Voltigeurs et invitant les raquetteurs de Montréal à se rendre à Lévis où on ne manquerait pas de leur rendre la réciproque. Les Voltigeurs, en cela, seraient fidèles à leur devise : Toujours prêts.

Le chant du club Voltigeur fut ensuite entonné, M. Odilon Octeau chantant les couplets. Ce chant fut suivi par celui du Montagnard, M. Savard se faisant entendre dans les soli. M. Savard chanta également O Canada mon pays mes amours et L’enfant chantant la Marseillaise puis il y eut danses, cakewalks, grandes marches et chansons. […] La plus franche gaieté et de l’entrain comme des raquetteurs seuls savent en mettre ne cessèrent de régner jusqu’à l’heure du départ pour la ville.

De retour à Montréal, un banquet, à l’hôtel Riendeau, couronna la fête. Les raquetteurs de Lévis, dont le costume gris et rouge offre peu de différence avec celui du Montagnard, furent beaucoup admirés par les passants sur le parcours de la parade. Ce sont tous de solides gaillards, à l’allure martiale, et l’un d’eux mesure 6 pieds 6 ½ pouces. […] La plupart des raquetteurs sont retournés hier soir à Lévis par train spécial.

 

Chant du club de raquettes Le Voltigeur

1er couplet
Sur la neige étincelante
Avançons rapidement (bis)
Allons, troupe diligente,
Voltigeurs, vite, en avant.

Refrain
Voltigeurs aux cœurs joyeux (bis)
Marchons d’un pas courageux
Un, deux, trois (bis)
Avançons tous à la fois
Pour saluer nos amis
Raquetteurs du beau Lévis
Avançons tous à la fois, tous à la fois
Un, deux, trois (2 à la fois)

2ème couplet
Les raquetteurs sont des braves
Contre la neige luttant (bis)
Rien ne peut mettre d’entraves
À leurs pieds forts et vaillants.

3ème couplet
Voltigeurs, troupe légère
Au combat nous accourons (bis)
Notre seule arme de guerre
À nos pieds nous la portons.

4ème couplet
Avançons, amis, courage
En marchant chantons en chœur (bis)
Notre périlleux voyage
Sera couronné d’honneur.

Malheureusement, le journal ne dit pas sur quel air se chante la chanson du club de raquettes lévisien. Mais peut-être a-t-elle son air propre.

L’illustration montre des membres du club de raquettes Le Voltigeur, de Lévis, défilant dans la côte de la Fabrique lors du grand carnaval de Québec en 1894. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Cote P600, N775-47.

5 commentaires Publier un commentaire
  1. Raymonde L. #

    Nouvellement arrivée sur votre site & blog…que j’apprécie.Je suis surprise par la détermination du Club de raquetteurs de Lévis !! en 1899 … très intéressant!! j’essaie de trouver un air..pour accompagner le chant du club des raquetteurs Le Voltigeur! Merci à vous !!

    19 février 2012
  2. Jean Provencher #

    Bienvenue, chère Vous, avec nous. Hé, si vous trouvez un air, promettez-nous que vous allez nous revenir. Le journal fut généreux en nous donnant les paroles. Mais, diable, l’air manque.

    19 février 2012
  3. Nicole D. #

    S’il vous plaît Jean, comblez mon ignorance… qu’est-ce que le cakewalks ? La traduction du mot à mot me fait sourire… La raquette revient en force depuis quelques années et c’est heureux. On peut la pratiquer un peu partout dans les grands espaces enneigés, les champs, les boisés, les golfs de certaines municipalités. Alors vive la raquette pour tous et toutes ! Retournons aux sources !

    19 février 2012
  4. Jean Provencher #

    Le cakewalk, venu des États-Unis et très en vogue en 1900, est un déhanchement, seul, en couple ou en groupe. On sait, par exemple, que le moment est au cakewalk quand la fanfare entame, par exemple, l’air «Georgia Camp Meeting». Mais il ne faut pas pousser le bouche trop loin. Un déhanchement trop prononcé vire en danse «burlesque», dit-on. Dans certaines compétitions de cakewalk, on remettait un gâteau au gagnant, à la gagnante. Je crois bien que c’est une autre appellation du charleston, mais je n’ai, à ce jour, jamais trouvé le mot charleston dans la presse québécoise de 1900.

    20 février 2012
  5. Nicole D. #

    Très intéressant ! Merci Jean. On pourrait presque dire que le cakewalk est l’ancêtre des danses de ligne… ou du disco ! seul, en couple ou en groupe. Bonne journée douce !

    20 février 2012

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