Moins de délinquance en hiver
Bien oui, apparence que, le froid venu, le crime est frileux. On voit moins de matous se promener, mauvais coups en tête. Il est vrai qu’alors, on a tendance aussi à confondre les criminels et les errants, les «sans domicile fixe».
Le journal montréalais La Patrie propose ce texte le 8 février 1899 :
Il n’y avait pas de liste d’écrou, ce matin, en cour du recorder, chose que l’on n’avait pas vue depuis dix ans. La cour du recorder est celle qui a la clientèle de prévenus la plus nombreuse.
Durant la belle saison, on a vu jusqu’à 90 prisonniers être amenés le même jour devant ce tribunal. L’hiver, les délinquants sont moins nombreux, à cause surtout de la température, qui retient à l’abri de leur domicile, quand ils en ont, les buveurs et les flâneurs d’habitude. Pendant la froide saison, il arrive donc assez souvent que la liste d’écrou ne porte que cinq ou six noms.
Ce matin, la feuille est restée blanche. Selon l’usage, M. L. Forget, le greffier de la cour, a offert à M. E. Desrosiers, le recorder suppléant, de lui présenter des gants blancs, mais M. Desrosiers, tout en remerciant de l’intention, a exprimé le désir que l’on s’abstint.
À l’occasion de cet événement extraordinaire, la défense de fumer au greffe a été enfreinte, M. Desrosiers ayant fait distribuer d’excellents cigares à tous les employés.
On remarque que le nombre de comparutions devant le recorder est moins élevé depuis l’institution du Refuge de Nuit. Il est certain qu’on reçoit dans cet établissement une foule d’individus sans ressources et sans asile qui, n’était cette hospitalité, seraient forcés de se faire envoyer en prison.
Source de l’illustration montrant le palais de justice de Montréal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Collection numérique, Cartes postales : http://www2.banq.qc.ca/carpos/accueil.htm