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Les machines du 19e siècle (première partie)

Sitôt que janvier 1901 arrive, le premier mois du 20e siècle, les journaux, en particulier La Patrie, s’empressent de donner la parole à ceux qui peuvent dresser un bilan de ce que le 19e siècle a apporté à l’humanité.

Dès le 5 janvier, Viator, du journal La Patrie, ouvre le bal dans ce qu’il appelle une causerie scientifique, intitulée Le XIXe siècle — Découvertes et perfectionnements.

C’est surtout par des découvertes et des perfectionnements mécaniques que le XIXe siècle s’est manifesté puisque, partout où la chose a été possible, de puissantes machines fournissant une production énorme ont été substituées à la main-d’œuvre considérée comme insuffisante et trop lente. […]

Tandis qu’il y a cent ans, nos grand-mères ne connaissaient d’autres instruments de couture que l’aiguille employée dès l’origine de la civilisation, nos ménagères et nos ouvrières ne peuvent aujourd’hui se passer de la machine à coudre qui, elle aussi, se sert de l’aiguille, mais la meut mécaniquement avec une vitesse inconnue de la main humaine. […]

Battre le fer contre la pierre pour en faire jaillir une étincelle, c’est-à-dire battre le briquet, telle était l’unique ressource à la disposition de nos devanciers pour produire la lumière. Le moyen n’était pas toujours facile, il faut le reconnaître, mais il était toujours long. Frotter une allumette suffit, de nos jours, pour faire naître une flamme. […]

Les voyages terrestres il y a cent ans étaient bien longs et bien fatigants; le petit nombre de places mises à la disposition du public par les diligences en rendait les prix élevés et les voyageurs ne se recrutaient que dans le monde des riches ayant du temps et de l’argent à dépenser. Vers 1839, les chemins de fer viennent modifier les modes de transport usités jusque-là et faciliter le déplacement rapide des masses. Tel voyage qui prenait autrefois une semaine ne demande plus que quelques heures. […]

Avec la faux, l’habitant de 1800 coupait bien peu de grain dans une journée, une véritable armée d’hommes était nécessaire pour moissonner les quantités requises pour l’alimentation. En Angleterre, où l’humidité du climat exigeait une grande promptitude dans l’accomplissement de la récolte, on rechercha les moyens de la faire mécaniquement, sans cependant arriver à des résultats pratiques. Les recherches dans ce sens se continuèrent un peu partout et c’est aux États-Unis, où l’élévation des salaires exigeait un moyen plus économique, que nous devons la moissonneuse, grâce à laquelle la récolte d’un acre de terre est faite en quarante-cinq minutes.

Le XVIIIe siècle vit naître les batteuses destinées à remplacer l’antique fléau; le XIXe siècle en rendit l’usage général et les modifia avantageusement de façon à permettre de traiter le produit de soixante acres par jour.

Grâce à ces deux dernières machines et aux semoirs mécaniques, un homme peut cultiver en une saison de quoi nourrir douze cents personnes pendant un an.

Cet article sur les découvertes et perfectionnements du 19e siècle se poursuit demain.

À noter que nous évoquions le battage au fléau, accompagné d’une magnifique gravure d’Henri Julien, dans l’article du 24 octobre dernier.

Source de l’illustration : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/detail/1605.jpg. Il s’agit ici d’une gravure d’Edmond-Joseph Massicotte parue dans Le Monde illustré du 26 décembre 1896.

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Denis Bastien #

    C`est étonnant de voir aujourd`hui que certaines inventions qui nous paraissent anodins , on pu révolutionner le quotidien de l`habitant à l`époque.

    13 janvier 2012
  2. Jean Provencher #

    Absolument. Vous me faites penser. Sûrement que les populations de ce temps furent d’abord curieuses, mais prudentes, face à ces nouvelles inventions : la machine à coudre, par exemple, la machine à écrire, le téléphone. C’était normal. Mais rapidement, on va y venir. Voyez ce qu’écrit le journal L’Étoile du Nord, de Joliette, le 4 janvier 1900 : « Pour montrer combien l’usage du téléphone ici est répandu, nous sommes informés qu’il se donne tous les jours pour la ville seulement au-delà de 500 connections pour 104 abonnés. » Ça placote, ça placote.

    Aujourd’hui, les personnes de plus de 60 ans demeurent curieuses, mais prudentes, face à internet. Qu’est-ce donc que cette bibitte ? Je le vérifie dans mes nombreuses rencontres. Quand je leur annonce que j’anime un site interactif, certaines affichent une joie curieuse, mais d’autres se montrent franchement réfractaires, parfois même déçues. Je les comprends. Mais je crois que nous n’avons plus le choix d’embarquer. C’est là un nouveau média avec lequel il faudra désormais compter.

    Je vois aussi le comportement de certains visiteurs du site. Depuis deux mois, par exemple, une personne, dont j’ignore tout, habite la ville texane de Mission, à la frontière avec le Mexique. Quotidiennement, pendant des semaines, elle se contentait de consulter seulement la première page du site. Mais voilà que, depuis trois jours, elle commence à tourner quelques pages de ce livre informatique, y passe plus de temps. La même chose se produit depuis dix jours avec une personne qui habite Chengdu, en plein cœur de la Chine. Les premiers jours, elle ne s’intéressait qu’à la première page. Mais, depuis 48 heures, elle s’attarde davantage. J’aime voir entrer ces personnes sur la pointe des pieds. Je les salue d’ailleurs.

    13 janvier 2012
  3. Jeanne #

    Puis certaines sembleront disparaître mais reviendrons en catimini vous lire :-)

    Je vous souhaite une bonne année monsieur Provencher. Si le début d’année a été très occupé ne doutez pas que vous suive…plus diagonalement mais tout autant assidument (mettre ou ne pas mettre l’accent circonflexe, là est la question). :-)

    Ce rapport au changement est fascinant. Une partie de mon métier consiste à faire la gestion du changement et je puis vous dire que ce n’est pas toujours évident. Bien plus que de vaincre des résistances que l’on pourrait qualifier de puériles parfois, il y a un rapport profond entre les objets qui nous servent chaque jour et comment nous concevons le monde.

    Au fur et à mesure que j’utilise la technologie je vois mon écriture se modifier. Et si mes mots se modifient comment pourrais-je croire que ma conception du monde ne se modifie pas ?

    Je vous souhaite une belle année 2012 monsieur Provencher. On s’y croisera, ici et là…

    Jeanne

    13 janvier 2012
  4. Jean Provencher #

    Merci, chère Jeanne. Vous avez bien raison. Et osons nous avancer avec ce nouveau média. Bien belle année à vous également.

    13 janvier 2012

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