Skip to content

Chauffons, chauffons, le temps est venu

Il semblerait qu’au début du 20e siècle, l’automne venu, on tarde à chauffer les maisons. À la ville comme à la campagne. Sans doute pour une raison d’économie. Un médecin de Québec, du nom de T. Nesbitt, nous met en garde contre cette façon de faire. Il faut commencer à chauffer.

Dans Le Soleil du 27 septembre 1904, sa chronique s’intitule Le chauffage de nos habitations l’automne.

Voici arrivée la période de l’année, écrit-il, où l’imprudence, l’ignorance ou des fautes d’hygiène voient disparaître invariablement un certain nombre de nos meilleurs citoyens.

Il est une erreur ou un préjugé populaire contre lequel on ne saurait trop s’insurger, celui de croire que l’hiver canadien n’arrive qu’avec la tombée de la neige permanente. Erreur souvent fatale, grosse de conséquences sanitaires fort désastreuses. L’une de ses conséquences, c’est que l’on ne songe habituellement à chauffer nos maisons, nos habitations qu’à l’arrivée de la neige. Non; il faut chauffer dès les premiers froids de l’automne, surviendraient-ils au 20 de septembre, comme c’est le cas cette année.

Et pourquoi ? Parce que les murs, le solage et les toits des maisons étant saturés, imprégnés des pluies de l’été, doivent être réchauffés et asséchés avant l’hiver, au risque de n’avoir aucun confort, aucun bien-être et même de compromettre sa santé. C’est, en effet, le froid humide et non le froid sec qui cause les refroidissements et réveille les microbes qui séjournent par milliers dans nos appartements mal aérés, ou privés de toute ventilation chez un grand nombre d’individus. Combien de maisons restent non désinfectées à la campagne et même à la ville, après des maladies contagieuses; et même, fussent-elles désinfectées, qu’il faut encore une ventilation intelligente, c’est-à-dire un balayage d’air obtenu par des ouvertures opposées l’une à l’autre, pour chasser les impuretés, les odeurs méphitiques. […]

Donc, réchauffons nos maisons dès les premiers froids, ou du moins faisons de bonnes attisées plusieurs jours de suite à divers intervalles, nous rappelant que c’est le froid humide qui est l’ennemi, et que, au contraire, la neige est l’amie de nos foyers, en ce sens qu’elle ramollit et réchauffe la terre, et nos maisons, en entourant le solage et couvrant les toits. Il faudra toujours réchauffer alors, sans doute, mais dans des conditions plus économiques. Je ne parle pas pour ceux qui n’ont ni bois ni charbon; pour ces miséreux, il va de soi que les théories sont un vain mot. […]

L’expérience, ajoutée à quelques notions d’hygiène, ont fait naître chez l’auteur de ces lignes le désir d’être utile à ceux de ses concitoyens qui ne s’occupent guère d’hygiène, et il les prie d’accepter en bonne part ces quelques conseils tout d’actualité en cette saison, et propres à éloigner les notes ou comptes de médecins.

 

7 commentaires Publier un commentaire
  1. Denis Jobin #

    C’est intéressant, d’autant plus que le propos du Dr Nesbitt semble désintéressé.

    Au revoir Jean.

    14 octobre 2011
  2. Jean Provencher #

    Bien oui, Denis, ça ne semble vraiment pas être de la pub pour son bureau de médecin.

    14 octobre 2011
  3. alain gaudreault #

    je me souviens quand j’était enfant,entendre dire de ma grande soeur,si la neige peu arriver on va enfin chauffer.Quand la neige arrivait on renchaussait la maison avec la neige!

    16 octobre 2011
  4. Jean Provencher #

    C’est vrai, cher Alain, qu’on renchaussait. Encore aujourd’hui, filant son chemin dans les campagnes, on se rend compte que certains renchaussent toujours, sitôt la neige disponible.

    Cela dit, dites, étiez-vous de la ville ou de la campagne ? J’aimerais bien savoir si on tardait à chauffer à la ville ou à la campagne. J’ai des amis en ville en ce moment qui n’ont pas commencé à chauffer. Comme disait ma grand-mère, «faut prévoir une veste de laine si on leur rend visite».

    16 octobre 2011
  5. alain gaudreault #

    Dans ce temp la,j’habitait dans une petite ville du lac St-jean,a mistassini pour ne pas la nommée!Ont n’attendaient pas nécéssairement l’arrivée de la neige pour chauffer.les lamentations des divers menbres de la famille avaient son effet.

    16 octobre 2011
  6. Jean Provencher #

    Merci, cher Alain. Je me serais lamenté moi aussi. J’ai l’impression que, l’automne venu, c’est peut-être davantage à la ville qu’à la campagne qu’on tardait à chauffer, le combustible étant plus cher pour les citadins. À la campagne, le bois a toujours coûté moins cher qu’en ville, parce qu’il y a moins d’intermédiaires entre la forêt et le poêle. Sans compter que plusieurs avaient leur propre bois grâce à leur terre à bois.

    16 octobre 2011
  7. alain gaudreault #

    Il ne faut pas oublier que chez nous la foret n’était pas tellement loin et que mes parents venaient de la campagne.ps:ont chauffaient a l’huile, mais les habitudes restaient!

    16 octobre 2011

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS