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L’embrasement

Quand survient l’automne québécois, la forêt s’enflamme. Les érables en particulier. La lumière aidant, pour beaucoup, ce sont les plus beaux jours. On a chanté d’ailleurs ce temps. Le botaniste Marie-Victorin (Flore laurentienne) voit là la plus belle saison de l’année, celle où la végétation se déploie davantage. Au sujet de l’Érable rouge [Acer rubrum, Red Maple], en particulier, il écrit : À l’automne, les hydrates de carbone dont le tissu chlorophyllien est gorgé, se transforment en anthocyane et colorent brillamment les feuilles de rouge pourpré. Nos bois deviennent alors incomparablement beaux. Les pentes sourceuses des Laurentides et les forêts de la plaine alluviale forment des horizons sanglants où sur le vert profond des résineux s’ajoutent, chevauchent et se fondent les gammes infinies de teintes que le rouge a sur sa palette.

À noter que, dans les campagnes, on donne généralement le nom de Plaine ou Plaine rouge à cette espèce d’érable. Pierre, un ami biologiste, me dit qu’à Saint-Jean-Port-Joli, certains entaillaient des plaines; selon lui, ça donnait un sirop légèrement différent, un peu moins bon que celui de l’érable à sucre, mais tout à fait acceptable. L’un de ses beaux-frères n’hésitait pas à mélanger les sèves de l’érable à sucre et de la plaine pour son sirop, lequel était destiné aux amis, aux parents et à la consommation domestique, quotidienne dans son cas.

Cela dit, le géographe français Raoul Blanchard, lui, dans son ouvrage Le Canada français, a tous les éloges pour la forêt québécoise. Il écrit : Cette forêt est splendide; elle participe au gigantisme américain par la puissance et la densité des arbres, par l’opulence des sous-bois. À l’automne, elle illumine le paysage de ses ocres et de ses rouges, parfois aussi vifs que des flammes. Beaucoup plus que le relief, toujours un peu mince, elle est avec les eaux la vraie beauté de la terre canadienne.

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Melinda Vörös #

    Quelle merveille!!!!!
    MERCI, cher Jean, pour ces photos si belles! OUI, vos forêts sont SPLENDIDES, elles me donnent envie de me métamorphoser en arbre pour faire partie de cette symphonie…
    Au diable la chimie! Seuls les poètes et les compositeurs ont une petite chance d’approcher cette beauté éblouissante.

    13 octobre 2011
  2. Jean Provencher #

    Merci à vous, chère Melinda. Je suis heureux de votre inscription sur le site. Revenez quand bon vous semblera.

    13 octobre 2011
  3. Denis Jobin #

    Bonjour Jean,

    Emouvante photo à l’orée du bois. Et en avant plan, ce champ de culture, l’empreinte harmonieuse de l’homme dans son habitat.

    Il y a quelques années, j’ai planté des sumacs (vinaigriers) au fond de ma cour, ils ont la particularité de se colorer tôt dans la saison. Et en plus la forme du feuillage et son fruit ajoutent de la diversité au décor. C’est une merveilleuse saison l’automne par ses couleurs, et ses odeurs. De plus elle nous révèle certains fruits tardifs tel ceux du pimbina et du cennelier.

    Merci et au plaisir.

    14 octobre 2011

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