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L’été des Indiens

À l’occasion, en octobre, plus rarement, en novembre, la vallée du Saint-Laurent vit sous une période de temps chaud. Le soleil brille. Une brume diaphane atténue ce que le milieu aurait d’excessif. Les sous-bois tapissés de feuilles sont odorants. Un vent léger souffle du sud-ouest. On dirait l’été revenu, après des gelées sévères et des jours de temps froid. C’est l’été indien, un été de quelques jours en plein cœur de l’automne.

Le phénomène est aléatoire et propre à tout l’hémisphère nord. Lorsqu’il se produit, c’est qu’un air du sud-ouest apporte plus au nord la chaleur et l’humidité des régions méridionales, créant ainsi un réchauffement stable de la température. À la vérité, ce réchauffement peut se produire en toute saison. En plein hiver, en janvier, par exemple on dira que c’est le redoux.

Les Américains, les premiers, auraient appelé ce temps de l’année indian summer. En Nouvelle-Angleterre, on répète que l’appellation viendrait des Amérindiens, qui croyaient que ce doux temps leur était envoyé par Coutantowit, une divinité favorable logeant quelque part au sud-ouest. Dans la vallée du Saint-Laurent, on parlera de l’été indien, de l’été des Indiens ou de l’été des Sauvages. L’Angleterre adoptera l’expression américaine, tout en l’appelant aussi l’été de la Saint-Luc (18 octobre). La France parlera de l’été de la Saint-Denis (9 octobre), de la Saint-Géraud (13 octobre) ou de la Saint-Martin (11 novembre). L’Allemagne, de l’été de l’aïeule.

Ce texte est extrait de mon ouvrage Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent, p. 295s.

 

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Gaétane Jacques #

    J’ai demandé à un ami polonais si l’expression «Été des bonnes femmes» était vraiment le terme utilisé dans son pays pour signifier ce qu’on nomme ici l’été indien. Voici, textuellement, un beau souvenir qu’il en a :

    «Oui, je me rappelle très bien BABIE LATO (baba – bonne femme, lato – l’été).
    Il faisait beau et chaud, et il y avait des minuscules araignées qui voyagent dans l’air poussés par le vent accrochés après une ficelle de toile. »

    L’image est forte. On ressent presque la chaleur du vent…

    16 octobre 2011
  2. Jean Provencher #

    Absolument, chère Gaétane. Avec pareille phrase, on l’imagine bien, cet été indien polonais !

    16 octobre 2011

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