La Goulue !
Tournant les pages des journaux d’autrefois, il y a soudain de ces distractions auxquelles il est bien difficile de résister, de ne pas succomber. Celle-ci m’a tant fait plaisir. Ô surprise ! Des nouvelles de La Goulue dans la presse québécoise !
Cette dame, de son vrai nom Louise Weber (1866-1929), née dans la région parisienne de parents alsaciens d’origine juive, peut résumer à elle seule toute une époque de la vie de Paris à la fin du 19e siècle. D’abord modèle pour les peintres et les photographes, elle danse dans de petits bals de banlieue. Dès le départ, elle est reconnue pour taquiner « l’audience masculine par le tourbillon de ses jupes à volants relevés qui laissent entrevoir sa culotte, et de la pointe du pied, elle fait voler le chapeau d’un homme ». À cause de son appétit à croquer la vie à pleines dents, on lui conseille de prendre le pseudonyme de La Goulue.
Elle entre au Moulin Rouge en 1889, où ses danses deviennent synonyme de French-Cancan. Chargé de faire la promotion de l’endroit, le peintre Toulouse-Lautrec l’immortalise dans ses portraits et ses affiches. En 1895, riche et célèbre, elle quitte le Moulin Rouge pour se mettre à son compte dans les fêtes foraines. Après avoir appris à dresser les lions, elle se produit dans les ménageries et les cirques.
Bientôt, cependant, sa vie décline. Elle recueille les animaux de cirque malades et âgés, et nombre de chiens et de chats. Domiciliée à Saint-Ouen, habitant une roulotte, elle meurt dans la pauvreté le 29 janvier 1929.
Le 13 septembre 1900, le journal montréalais La Presse nous donne soudain de ses nouvelles. Voyez ce court épisode, intitulé Le lion de La Goulue, en provenance de Paris.
Les citoyens de Chartres se sont beaucoup amusés aux dépens de La Goulue, ancienne danseuse du Moulin Rouge, maintenant dompteuse de lions.
La Goulue se trouvait à Chartres avec sa ménagerie. Un des lions, qui paraissait le plus féroce, s’échappa soudain de sa cage et se mit à arpenter la ville. Il voulut entrer dans un salon de coiffeur, probablement pour se faire raser la crinière, mais, naturellement, on lui ferma la porte au nez, pour lui montrer que les clients de son calibre n’étaient pas admis à se faire raser. Il continua alors sa course, passa près de deux enfants sans même daigner les regarder.
Un peu plus loin, une vieille dame le caressa, en s’écriant : Quelle belle bête ! Elle prenait le roi des animaux pour un chien.
L’alarme fut donnée et l’on commença la chasse au lion. On envoya chercher La Goulue, et le lion fut encagé. Les braves gens de Chartres commencent à croire que le lion n’est pas un animal si redoutable, après tout, surtout celui de La Goulue.
Wikipédia consacre une page à La Goulue : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Goulue.
Pour des images d’elle, voir cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=HekiZQwuzM0
Savoureux épisode! Merci de nous partager des bouts colorés d’histoire et de faits divers d’antan!
Merci, chère Zedbono. Sur ce site interactif, en histoire, j’espère que par traits, par coups de crayon, par images aussi, lentement, ouvrir ça et là des fenêtres nous approchant des moments de ce que pouvait être la vie en 1900. Moments heureux, moments pleins d’humour à l’occasion, moments de gens qui bossent, mais moments tristes aussi. Car, pour être honnête, il faut aussi faire place à ces moments moins joyeux. Cela dit, La Goulue, j’étais si heureux de la retrouver dans la presse québécoise d’alors.