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Vieilles culottes de peau et Zouaves pontificaux

Au début du 20e siècle, les pèlerinages à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré sont sans nombre. La dévotion à sainte Anne, la mère de Marie et la grand-mère de Jésus, est très grande. Et, invariablement, on parle d’elle ou on l’invoque sur le ton familier de bonne sainte Anne.

Retrouvons notre cher Esculape, dont nous parlions hier. La seconde partie de sa chronique, parue dans La Patrie du 6 septembre 1902, porte sur un de ces pèlerinages à Sainte-Anne-de-Beaupré.

Pour bien comprendre son texte, il faut savoir qu’après le départ de militaires britanniques en 1871, il ne reste plus à Québec que le régiment du 9e bataillon des Voltigeurs créé en 1862 et ce qu’on appelle alors la milice canadienne. Celle-ci est formée de volontaires qui ne se sont jamais battus et qui, lors de manifestations, ne portent aucun costume spécial, sinon leurs vêtements de tous les jours. D’autre part, Esculape évoque la présence des Zouaves qui paradent devant la basilique. Ici, il faut savoir qu’à l’initiative de l’évêque de Montréal, Ignace Bourget, un contingent de quelque 130 volontaires avait été levé durant les années 1860 pour aller défendre le pape Pie IX contre les patriotes italiens qui tentaient de refaire l’unité de leur pays. Rendus en Europe, nos Zouaves n’auront pas à participer au combat, la fin des hostilités étant survenue entre-temps. Ceux-ci sont donc devenus alors inutiles. Mais, au Québec, on maintiendra leur existence dans plusieurs paroisses et, jusqu’au 20e siècle, ils se présenteront lors de manifestations populaires, histoire d’afficher leur foi catholique.

Retrouvons donc Esculape dans la seconde partie de sa chronique.

Journée de gala, ici, dimanche dernier.

Pas moins de quatre pèlerinages organisés : de Saint-Antoine, de Lévis, de Beauport et de Québec.

Foule considérable de gens du meilleur ton et de tenue parfaite.

C’est une véritable jouissance, pour le cœur aussi bien que pour les yeux, de circuler à travers ces groupes d’hommes jeunes et vieux, bien mis et joyeux avec discrétion; de déambuler autour de ces essaims de femmes en toilettes multicolores, dont les voix en sourdine et les rires étouffés semblent un immense concert de rossignols sous une cloche pneumatique grande comme une tente de cirque Forepaugh !

Mais le succès, le clou de la grande démonstration religieuse de ce dernier dimanche du mois d’août, ça été la visite des Zouaves de Québec sous le commandement du chevalier Rouleau.

Ils étaient une soixantaine, dont dix à douze vieux zouzous de Pie IX, et le reste, des Zouaves de récente création, — sorte de pupilles de la Garde papaline, — œuvre du commandant Rouleau et de ses compagnons d’armes québécois.

Vous dire qu’ils ont bien manœuvré, sur la grande place de la basilique si propice aux évolutions militaires, ne serait pas rendre suffisamment justice à ces gaillards en culottes larges et vestons courts, laissant à découvert la ceinture rouge qui leur ceint plusieurs fois la taille.

Armés de vraies carabines et de réelles baïonnettes, ils ont montré, en divers assauts et parades prestement exécutés, ce dont est capable cette arme bien française en des mains canadiennes-françaises.

Je suis un vieux routier de notre milice canadienne. J’ai obtenu mes deux certificats de l’École militaire de Québec : celui de seconde classe sous le colonel Gordon, du 17me, retour de Crimée; celui de première classe, des mains de lord Alexander Russell, de la Rifle Brigade, — aussi retour de Crimée.

J’ai fait des campements; j’ai suivi les fortunes diverses de notre excellent neuvième, — régiment québécois par excellence, — pendant des années…

Je crois donc m’y connaître un peu en fait de parades et d’exercices militaires.

Eh bien, je déclare ici que nos Zouaves de Québec en remontreront, avant longtemps, aux vieilles culottes de peau de notre volontariat.

Ce qui ne contribue pas peu à l’agrément de ces parades, ce sont les commandements en français, brefs, rapides, suggestifs.

Bravo ! chevalier Rouleau.

Zouzous, anciens et nouveaux, rompez les rangs !

Source de l’illustration du haut : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Fonds Laurette Cotnoir-Capponi, cote : P186,S9,P317

Source de celle du bas : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Fonds Famille Landry, cote : P155,S1,SS1,D38

Vous trouverez à cette adresse-ci le documentaire du cinéaste québécois Marcel Carrière, Avec tambours et trompettes, portant sur les Zouaves pontificaux.

3 commentaires Publier un commentaire
  1. J’ai apprécié la lecture de ce texte, mon père ayant été zouave étant jeune. Je me rappelle même de son pèlerinage à Sainte-Anne de Beaupré, à pied évidemment. Tous avaient en main un ierge placé dans une sorte de casseau pour éviter que la cire brûle les mains ou celles des autres. Ils avançaient lentement chantant des cantiques tout au long du parcours vers la basilique. Ce périple durait toute la nuit Mon père, avec un certain sourire, nous racontait des anecdotes telles que certains pèlerins qui souffraient de mots divers arrivaient, soit disant, guéris à l’autre bout oubliant qu’une marche du genre est santé. Pas rares ceux qui perçaient les semelles de leurs souliers à marcher. Le Père Lelièvre bien connu à Québec était un bon promoteur de la procession.

    13 septembre 2011
  2. Anne sophie #

    J’aimerais acheter ou louer un costume de Zouave pour un film.

    Es ce qu’il y a quel qu’un qui pourrais m’aider ?

    Nous en avons besoin avant le 25 mai 2016

    Merci
    Anne-Sophie

    11 mai 2016
  3. Jean Provencher #

    Appel à toutes !!! Appel à tous !!! Vous pouvez alors entrer en contact avec moi à l’adresse courriel tout en haut à droite dans «Me joindre». Je transmettrai vos coordonnées à Anne Sophie.

    Bonne chance, chère Anne Sophie !

    11 mai 2016

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