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Vive septembre !

Avec cette température magnifique que nous connaissons, rien de mieux que ce billet d’humeur, j’allais plutôt écrire d’humour, fort bien tourné. Signé Esculape, il paraît dans La Patrie du 6 septembre 1902.

Que les beaux jours sont courts !

C’est le cas, — ou jamais, — de pousser ce cri du cœur, cette mélancolique exclamation, où il y a à la fois du regret et du désenchantement.

Oui, les beaux jours sont courts, du moins à la campagne quand les amis nous laissent pour retourner à leur fournaise citadine, que le soleil raccourcit quotidiennement l’arc de sa course apparente et que la fraîcheur de la brise du soir nous avertit de ne pas trop prolonger la causerie en plein air.

Quoi ! la belle saisons est-elle déjà close, et va-t-il falloir endosser les paletots doublés et ouatés ? …

Je ne dis pas cela.

Ou plutôt, je réponds: Oui et non. Nous aurons certes encore de belles journées en septembre, — ce septième mois de l’année, quand l’année commençait en mars.

Mais… il ne faut jurer de rien.

Ce qui est passé est passé.

La vacance de l’an 1902 est bel et bien allée rejoindre les vieilles lunes.

Tout de même, quand il veut s’en donner la peine, septembre est certainement le mois le plus agréable de l’année, — même pour ceux qui ne sont pas chasseurs de vrai gibier, à plume ou poil.

Car, — entendons-nous, Philibert, — il y a bien d’autres chasses dans notre monde terraqué…

Voyez plutôt:

La chasse aux honneurs, à la popularité, aux emplois; la chasse aux dots, aux belles femmes, aux jolies filles, aux matronnes bien en cour, — je veux dire : ayant de l’influence sur les ministres; bref, la chasse à tout ce que peut viser un chrétien… et même un musulman.

Mais, pour le chasseur au sens propre du mot, pour le disciple de Nemrod, quel mois que ce septembre bourré de canards, enguirlandé d’outardes, flanqué de chevreuils, farci de lièvres, et même escorté d’ours plus féroces les uns que les autres, “quaerens quem devoret” [cherchant quelqu’un à dévorer].

Oui, quel mois charmant, un peu frisquet le matin, un tantinet glacial le soir, mais si tiède et si réconfortant pendant ses jours, où la chaleur est honnête, et ses nuits, où le froid fait encore patte de velours !

Le mois d’août est passé…

Vive septembre !

Pour tout vous dire, j’aimerais bien savoir qui se cache sous ce pseudonyme d’Esculape. Sa chronique de ce jour-là se poursuit sous un autre sujet et elle laisse croire qu’il est de la région de Québec. Nous la poursuivrons sous peu. J’espère le voir réapparaître à nouveau dans le journal La Patrie.

La carte postale coiffant cet article, fabriquée en France et portant en copyright l’année 1927, a pour titre Petite Rue Champlain, près du Marché. Deux questions me viennent. Peut-elle être antérieure à 1927 ? À Québec, la halle du marché Champlain, à proximité, est démolie après un grave incendie en 1910; la compagnie de chemin de fer Transcontinental acquiert alors le terrain et y fait construire une gare en 1914-1915. Et pourquoi est-elle signée «F. Cuvelier, Québec 1985» ?

 

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