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Le lait, encore le lait

Vous la savez, nous en avons déjà parlé, il est de première importance de prendre soin du lait, depuis l’éleveur de la vache laitière jusqu’à la table de la ménagère. Mal conservé, il devient rapidement vecteur de maux pour qui s’en nourrit. Nous rappelions qu’en France, le grand Louis Pasteur, au début des années 1880, nous avertissait qu’un lait de vache mal conservé devenait mortel en dedans de 36 heures, en particulier chez les enfants, les premiers à partir.

Manifestement, la lutte sera longue à mener et il faut que tous et chacun, à chacune des étapes du cheminement du lait, en soient conscients. Un article intitulé La nourriture de nos bébés du journal La Presse annonce, le 31 août 1906, que la ville de Montréal s’apprête à se donner un règlement sévère sur le lait. Le bureau de santé nommera parmi son personnel un ou des inspecteurs du lait, lesquels seront tenus de visiter toutes les laiteries et les dépôts de lait ou de crème dans la cité, d’entrer dans tout endroit ou local où l’on garde du lait et de la crème pour le vendre, et d’arrêter et inspecter toute voiture dont on se sert pour charroyer le lait ou la même crème ; les dits inspecteurs prendront des échantillons de lait ou de crème qu’ils feront analyser ou éprouver, et ils conserveront un certificat du résultat de l’analyse ou épreuve qui aura été faite pour servir de pièce à conviction en cas de poursuite. Quelle tâche !

Suit un long texte énumérant les articles du nouveau règlement à peu près impossibles à faire respecter. Voyez celui-ci. Nulle personne ne transportera ou ne fera transporter, ou ne vendra, ou n’offrira en vente, ou n’aura en sa possession, avec intention de le vendre, dans la cité, du lait falsifié ou malsain, ou du lait auquel on a ajouté des substances étrangères, notamment des substances dites préservatrices ou antiseptiques, non plus que du lait dont l’odeur ou la saveur révèlera une souillure fécale, ou du lait dont on aura soustrait certains de ses principes constituants, ou du lait provenant de vaches malades ou de vaches nourries de substances susceptibles d’altérer la qualité du lait, ou du lait pouvant être un véhicule d’infection ou de contagion, que la source de contagion provienne de sujets humains ou de sujets animaux, ou du lait qui n’atteint pas l’étalon suivant : 3.25 pour cent de matières grasses, pas moins de 8.75 pour cent de matières solides non grasses, pas moins de 12 pour cent de matières solides, pas plus de 88 pour cent d’eau, et une densité de 1.029 à 1.033, à une température de 60 degrés F.

À Québec, le problème est le même. Le samedi, 5 septembre 1908, le journal Le Soleil écrit que, dans le faubourg Saint-Roch, un quartier populaire, on continue de se plaindre de l’impureté du lait. Ainsi, on nous rapporte que le lait de tel laitier est rempli de petits grains qui s’attachent aux parois du vase qui le contient, que d’autre caille de beaucoup trop facilement, quelques heures seulement après avoir été délivré par le laitier, que d’autre encore a une crème que l’on dirait composée de colle tant elle s’étire ou s’allonge sur la cuillère et enfin que d’autre laisse dans le fond du vaisseau, qui l’a contenu, un dépôt gluant, rude au toucher, etc., etc. L’inspecteur du lait a évidemment là une bonne besogne à faire, celle de nous débarrasser ou du moins de faire punir sévèrement les laitiers peu scrupuleux qui ne craignent pas d’offrir en vente du lait frelaté.

La lutte sera longue, la lutte sera bien longue.

 

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