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Un joueur d’orgue de barbarie s’en va

Avec l’installation du télégraphe électrique en 1847, notre planète se fait plus petite. Commencent à nous parvenir quasi instantanément de multiples nouvelles de l’étranger. La technique fait tout de suite le bonheur des journaux, qui sauront remplir leurs colonnes de ces couleurs venues d’ailleurs. En voici un exemple.

Le 3 août 1906, La Presse fait écho à une dépêche lui provenant de Nouvelle Rochelle, une ville de la banlieue nord de New York fondée en 1688 par des réfugiés huguenots français, protestants, fuyant les persécutions dans leur pays d’origine. Le journal montréalais titre l’événement : Melcher Wideman meurt riche après avoir moulu deux cantiques pendant 28 ans.

Après avoir moulu plus d’un million de fois sur son orgue de barbarie Rock of Ages et Jesus, Lover of My Soul, Melcher Wideman, le musicien ambulant le plus riche des États-Unis, est mort mercredi dernier à l’hôpital Saint-Joseph, à New York.

Pendant 28 ans, il a joué à l’entrée de Glen Island, la maison d’été de John H. Stairns. On dit qu’il a fait $60,000 à $75,000 en gros sous et en piécettes blanches. Ses airs étaient si tristes qu’on voulut plusieurs fois l’envoyer jouer ailleurs; mais le bonhomme avait un permis de la ville et, comme il se tenait sur une propriété municipale, il refusa toujours de déguerpir.

Wideman était aveugle, ce qui ne l’empêchait pas de s’apercevoir quand la foule était bien disposée à son égard. On lui demanda souvent d’entremêler quelques rouleaux de musique gaie à ses cantiques, mais il ne voulut rien entendre, prétendant que les cantiques seulement feraient pleuvoir les gros sous. Durant quelques années, il fut aidé par sa femme qui tenait la sébile; mais Mme Wideman mourut il y a une couple d’années, ce qui causa une peine profonde à son mari.

Malgré qu’il eut des rentes, Wideman avait peur de mourir dans la misère. Il y a deux semaines, il tomba malade et fut transporté à l’hôpital où il est mort à l’âge de 76 ans.

Il n’avait pas de parents et on croit qu’il a donné son argent à une église catholique. Ses funérailles ont eu lieu ici.

La photographie qui coiffe cet article est celle du tourneur de manivelle Claude Paquet. À Québec, de mai à octobre, par beau temps, de 13 heures à 15 heures, invariablement, vous le trouverez dans la côte de la Montagne, tout juste en haut de l’escalier Casse-cou. Et rassurez-vous, son répertoire n’a rien de triste. Vous serez même tenté, comme je le fus, de vous procurer son disque.

 

6 commentaires Publier un commentaire
  1. Claude Paquet #

    Cher monsieur Provencher: tout simplement, formidable. Ça me fera une histoire de plus à raconter.

    10 août 2011
  2. Jean Provencher #

    J’ai beaucoup aimé, Monsieur Paquet, faire votre connaissance.

    10 août 2011
  3. Deschamps #

    Bonjour
    Je m’appelle Denis Deschamps est suis Français de France, à Le Mans.
    Je suis tourneur d’orgue de barbarie et accompagne mes chansons avec mon Chanterue.
    J’aimerais pouvoir me produire dans votre belle province, est-ce possible, faut-il avoir un contrat, peut-on faire la manche ?
    Peut-être avez vous des réponses a mes questions ?
    Merci d’avance
    Denis Deschamps

    9 décembre 2016
  4. Jean Provencher #

    Bonjour, Monsieur Deschamps,

    Vous seriez bienvenue chez nous. Je vais m’informer des politiques municipales à Québec et à Montréal, et à Sherbrooke peut-être, et je vous reviens.

    Ce serait vraiment bien que vous puissiez venir vous produire ici aussi.

    À très bientôt.

    9 décembre 2016
  5. deschamps #

    Merci pour votre réponse Monsieur Provencher.
    J’attends de vous lire avec impatience
    Cordialement.
    Denis.

    14 février 2017
  6. Jean Provencher #

    J’attends un retour d’appel à la ville de Québec. Merci beaucoup de me rappeler à votre souvenir.

    14 février 2017

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