Parti embrasser sa grand-mère
Je me demandais, vous est-il déjà arrivé d’aller embrasser votre grand-mère sans vous y attendre, sans vous y être préparé ? J’espère que non, cela doit secouer !
Vous savez, j’adore travailler dans ces journaux anciens. Soudain, au détour, surgissent des textes, des tournures, des expressions tout à fait disparus, qui font le grand bonheur du chercheur.
Ainsi, le correspondant du journal La Patrie, à Québec, nous apprend le 27 juillet 1898 que, deux jours auparavant, à 17 heures, un violent orage électrique frappait la capitale. La foudre tombe tout près de la caserne de pompiers no 1, celle de la côte de la Fabrique, dans le Vieux-Québec.
Un pompier, écrit le journaliste, qui était à se livrer aux douceurs du dolce far niente, a perdu contenance du coup. Mais il en a heureusement été quitte pour avoir embrassé sa grand-mère sans s’y attendre ou sans s’y être préparé.
Et ne vous méprenez pas au sujet de ce brave pompier assoupi. Les télégraphes d’alarme sont en fonction dans les rues de la ville depuis plus de 30 ans et font chanter la cloche métallique à l’intérieur de la caserne, sitôt que l’un d’entre eux est activé. S’il y avait eu feu, le pauvre homme serait tout de suite sauté dans le camion avec ses compagnons d’incendie. Il profitait simplement d’une accalmie pour piquer un petit somme, quand ses confrères jouaient sans doute aux cartes pour passer le temps.
Nous n’arriverions plus à reconnaître aujourd’hui l’existence de cette caserne de pompiers dans les flancs de l’hôtel de ville, côte de la Fabrique. Après le départ des pompiers, ce lieu servit de Centre d’interprétation de la vie urbaine. Puis, sous le règne de la mairesse Andrée P. Boucher, à cause du besoin de nouveaux locaux dans l’imposant édifice, le lieu d’exposition est fermé et les grandes ouvertures permettant la sortie des pompiers disparaissent. On n’y retrouve maintenant que trois portes de même grandeur et rien ne laisse croire à un lieu de travail pour des pompiers.
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